Un «rêve européen» pour Volodymyr Zelensky, un cauchemar pour Vladimir Poutine qui a cherché par tous les moyens à entraver ce processus : l’Ukraine et la Moldavie entament officiellement, ce mardi 25 juin à Luxembourg, de longues et difficiles négociations devant conduire ces deux anciennes républiques soviétiques à être un jour membres à part entière de l’Union européenne (UE). Cela alors que la Commission européenne a estimé le 7 juin que ces deux pays avaient désormais rempli toutes les conditions préalables à une telle adhésion.
L’ouverture de ces pourparlers est le résultat d’un accord obtenu par 26 pays de l’UE, qui ont été contraints de rivaliser d’ingéniosité pour convaincre la Hongrie de Viktor Orbán, Etat membre de l’UE le plus proche de la Russie de Vladimir Poutine, de ne pas bloquer le processus. Celui-ci avait menacé de poser son veto au lancement des négociations d’adhésion à l’Union avec l’Ukraine, jugeant que ce pays n’était pas «prêt».
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Mais en décembre, retournement de situation : au moment où Charles Michel, le président du Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement, s’assurait qu’il y avait bien consensus, Orbán quittait la salle, le temps que ses 26 homologues décident d’ouvrir ces négociations d’adhésion avec Kyiv et Chisinau.
Une victoire pour l’Ukraine certes, mais des inquiétudes persistent : la Hongrie, peu enthousiaste à accueillir l’Ukraine, prendra le 1er juillet la présidence semestrielle du Conseil de l’UE pour six mois. Alors qu’il faut compter plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant que les différents chapitres de négociation ne soient effectivement ouverts, il est, en réalité, peu probable qu’ils le soient avant la fin de cette année.
Une fois la conférence intergouvernementale formellement ouverte, les négociateurs vont d’abord passer en revue la législation des deux pays pour vérifier si elle est compatible à celle de l’UE. Si cette étape dure en principe d’un à deux ans, dans le cas de l’Ukraine ou de la Moldavie, les choses iront plus vite car «nous avons déjà une idée assez claire» de la situation, a souligné un diplomate européen, sous couvert d’anonymat.
Un processus long et complexe
Rappelons tout de même que l’ouverture de négociations n’est qu’une étape d’un processus d’adhésion long et ardu. Une éventuelle entrée dans l’UE de l’Ukraine, pays de plus de 40 millions d’habitants et puissance agricole, pose de nombreuses difficultés, à commencer par celle des aides financières dont elle devrait bénéficier.
L’exécutif européen a réclamé de Kyiv des mesures pour lutter contre la corruption et l’emprise des oligarques, en plus d’une meilleure prise en compte des minorités, une mesure réclamée avec insistance par Budapest en raison de la présence en Ukraine d’une communauté hongroise.
L’UE, qui a prévu de se réformer pour faire face à cet élargissement et améliorer sa gouvernance et la prise de décision déjà souvent complexe à 27 Etats membres, a accordé en juin 2022 à l’Ukraine le statut de candidat à l’adhésion, dans un geste hautement symbolique quelques mois après le début de la guerre déclenchée par Moscou, ainsi qu’à la Moldavie voisine.