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Affaire Epstein : le Royaume-Uni limoge son ambassadeur aux Etats-Unis

Le travailliste Peter Mandelson perd son poste en raison de «la profondeur et l’étendue» de ses relations avec le délinquant sexuel américain.

Peter Mandelson, à Washington, le 8 mai. (Jim Watson/AFP)
Publié le 11/09/2025 à 12h13, mis à jour le 11/09/2025 à 12h50

La publication cette semaine de multiples documents relatifs à l’affaire Jeffrey Epstein vient de faire une première victime au Royaume-Uni. L’ambassadeur britannique aux Etats-Unis, Peter Mandelson, a été démis de ses fonctions ce jeudi matin en raison de ses liens avec l’homme d’affaires accusé d’exploitation de mineurs et mort en prison en 2019.

Des emails entre le vétéran du Parti travailliste de 71 ans et le financier américain «montrent que la profondeur et l’étendue des relations de Peter Mandelson avec Jeffrey Epstein sont sensiblement différentes de celles connues au moment de sa nomination», indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. «Compte tenu de cela, et par égard pour les victimes des crimes d’Epstein, il a été révoqué comme ambassadeur avec effet immédiat», ajoute le Foreign Office. Les emails révèlent notamment que Mandelson, nommé à Washington en février, avait donné des conseils à Epstein sur la meilleure façon de faire face aux accusations alors qu’il était poursuivi en Floride pour trafic de mineures. Juste avant qu’il ne plaide coupable pour conclure un arrangement dans cette affaire en 2008, Peter Mandelson lui aurait écrit : «Je pense énormément à toi et je me sens impuissant et furieux à propos de ce qui est arrivé.» Il l’incitait également à se «battre pour une libération anticipée».

Dans l’album d’anniversaire réalisé pour les 50 ans du financier en 2003 et rendu public avec d’autres documents le 8 septembre par une commission de la Chambre américaine des représentants, le futur ambassadeur écrit en outre au pédocriminel qu’il est «son meilleur ami» et le qualifie d’«homme intelligent et vif d’esprit».

La pression montait depuis plusieurs jours sur le chef du gouvernement travailliste, qui avait nommé Mandelson à ce poste pour tenter de consolider les liens avec Donald Trump. Interrogé après la publication de cette lettre, le Premier ministre, Keir Starmer, lui avait apporté son soutien mercredi, assurant que Peter Mandelson avait «exprimé à plusieurs reprises son profond regret d’avoir été associé» à Jeffrey Epstein.

La question qui agite Londres désormais est celle de savoir ce dont le gouvernement Starmer avait connaissance. Le conservateur Neil O’Brien a ainsi affirmé à la Chambre des communes ce jeudi que «le gouvernement s’était démené pour protéger Mandelson plutôt que les victimes». Le chef des libéraux-démocrates, Ed Davey appelle pour sa part Keir Starmer à «se présenter devant le Parlement et expliquer pourquoi Mandelson a été nommé, vu tout ce que le gouvernement savait».

La semaine dernière, Keir Starmer avait déjà dû procéder à un large remaniement de son équipe après que la numéro 2 du gouvernement, Angela Rayner, eut été emportée par une affaire d’impôts impayés. Cette nouvelle affaire intervient alors que Donald Trump, lui-même empêtré dans l’affaire Epstein, doit effectuer une visite d’Etat au Royaume-Uni dans quelques jours.

Mise à jour à 12 h 50 avec davantage de contexte.