C’est l’une de ces friches industrielles dont Moscou regorge, faite de bâtiments de briques défraîchis et de hangars abandonnés envahis par la végétation, où se côtoient pêle-mêle kebabs douteux et magasins de bric et de broc, cafés branchés et start-ups. A l’entrée, une statue de Lénine continue d’accueillir les visiteurs, comme si l’époque soviétique n’était pas terminée depuis trente ans.
«C’est marrant la première fois, mais on s’en lasse assez vite», commente Vladimir Schvedov. Il est le rédacteur en chef de Takie Dela («C’est comme ça»), un média indépendant dont la jeune rédaction, une trentaine de personnes, est installée dans un grand open space, sous les toits, à poutres apparentes accessible par un escalier de service. L’ascenseur est en panne depuis une éternité. Avec ses longs reportages, Takie Dela raconte les injustices de la société russe par le petit bout de la lorgnette, celui d’individus ayant besoin d’aide, confrontés à des problèmes de logement, de violences conjugales, mais aussi de discriminations, de sexisme, de violences policières… «toutes les injustices», résume Vladimir Schvedov. Des sujets qui, forcément, tirent parfois le média vers le terrain politique.
Et ce terrain devient toujours plus glissant pour la presse indépendante en Russie, alors que se rapproche la date des élections législatives prévues pour le mois de septembre, et pour lesquelles le Kremlin a manifestement l’intention de ne rien laisser au hasard. Deux express