Ils marchent, à visage découvert, quelques fleurs à la main, déterminés. Ils marchent dans le froid, encadrés par des grilles installées pour les contenir, observés, guettés par des dizaines et des dizaines de représentants des forces de l’ordre qui, eux, ont le visage parfaitement dissimulé. Ils marchent par milliers et leur présence formidablement courageuse, en dépit des menaces, des risques d’arrestation, est autant un hommage à Alexeï Navalny qu’un geste de défiance à Vladimir Poutine. «N’abandonnez pas !» avait demandé l’opposant à son peuple dans le documentaire Navalny de Daniel Roher, sorti en 2022.
Le peuple russe n’a pas abandonné. «Tu n’avais pas peur, et nous n’avons pas peur», ont-ils scandé par milliers vendredi à Moscou alors que la dépouille du plus célèbre, et plus craint, opposant du président russe, a pu enfin être enterrée, quinze jours après sa mort le 16 février dans la colonie pénitentiaire de l’Arctique où il était emprisonné. Les policiers sont arrivés les premiers, dès l’aube, fourgonnettes après fourgonnettes, long cortège menaçant, intimidant. Mais rien n’y a fait. A peine le jour levé, les Moscovites, de tous âges, ont commencé à affluer, marchant calmement vers l’église du district de Marino, dans le sud-est de la capitale russe, où s’est dér