Menu
Libération
Vu de Berlin

Allemagne : une dépénalisation du cannabis qui profite aux bobos et aux dealers

Article réservé aux abonnés
La loi votée par l’assemblée fédérale permet la plantation et la détention de cannabis à usage récréatif. Mais les règles, complexes, risquent de désavantager les plus précaires.
Les Allemands tentent une libéralisation du cannabis qui ne fait pas du tout l’unanimité. (Nathan Griffith/Getty Images)
par Christophe Bourdoiseau, correspondant à Berlin
publié le 23 février 2024 à 8h52

Les députés défoncés ? Ce sera bientôt légal ! A partir du 1er avril, ils pourront fumer leur joint dans la cour du Bundestag. Avec la dépénalisation du cannabis, ils seront autorisés à consommer du cannabis récréatif aux mêmes endroits que les fumeurs de cigarettes, à condition toutefois de se trouver à plus de 100 mètres d’une école, d’un terrain de jeux ou d’une installation sportive.

En revanche, les consommateurs allemands ne pourront pas se fournir dans un bar-tabac, un coffee shop ou une pharmacie, comme c’était prévu au départ. Karl Lauterbach, le ministre social-démocrate (SPD) de la Santé, a préféré renoncer au projet initial en raison d’une incompatibilité avec la loi européenne, qui condamne la commercialisation de la drogue.

De peur de se faire rabrouer par Bruxelles, le gouvernement Scholz a donc présenté un texte… vidé de sa substance. Le «contrat de coalition» du gouvernement Scholz prévoyait une distribution dans des magasins agréés. Une piste abandonnée. Sauf que l’approvisionnement auprès d’une tierce personne (un dealer ou un ami) reste, lui aussi, strictement interdit. Acheter son cannabis ou faire tourner un joint dans une soirée restent donc répréhensibles.

Règles complexes

Pour fumer de l’herbe, il faudra donc la faire pousser soi-même ! Les Allemands pourront cultiver du cannabis en s’inscrivant à une sorte d’association à but non lucratif, un «club de fumette» officiel qui ne doit pas dépasser les 500 membres. Le ministre a fixé des quantités pour la récolte : 50 gramm