Ambiguïté
La dissuasion nucléaire repose sur l’ambiguïté. Les Etats détenteurs de l’arme énoncent des règles d’emploi – leur doctrine – tout en se ménageant des marges de manœuvre : ils restent flous sur les points les plus critiques. Il s’agit, comme l’écrit le diplomate et spécialiste de ces questions, Nicolas Roche (1), de «faire peser le doute dans l’esprit de l’adversaire». La France pose ainsi qu’une atteinte à ses intérêts vitaux entraînerait une riposte nucléaire, mais ne définit pas précisément ces intérêts vitaux. Si une ligne rouge était tracée, un adversaire pourrait être tenté d’aller jusqu’à ce point, en s’arrêtant juste avant, «un contournement par le bas de la dissuasion», selon Nicolas Roche. En l’absence de définition stricte des seuils, les autorités ne se lient pas les mains et obligent l’adversaire à s’interroger. De la même façon, les représailles ultimes sont définies par leurs effets uniquement et seulement de façon générale : des «dommages absolument inacceptables sur […] les centres névralgiques, politiques, économiques, militaires».
Dissuasion
Les deux termes semblent aujourd’hui inséparables : «La dissuasion est nucléaire et l’arme nucléaire est de dissuasion», note Nicolas Roche, qui rappelle toutefois que les deux seules frappes nucléaires de l’histoire, à Hiroshima et Nagasaki, n’avaient rien de dissuasif. Les théories de la dissuasion naissent, justement, des images de la dévastation infligée au Japon par les Etats-Unis. Cette dissuasion