C’est une icône de la télévision britannique tombée de son piédestal en raison d’un retentissant scandale à caractère sexuel. Dernier rebondissement en date, ce mercredi 31 juillet : l’ancien journaliste de la BBC Huw Edwards, qui a présenté vingt années durant le journal du soir à 22 heures, a reconnu la détention de dizaines d’images pédopornographiques reçues par messagerie au cours d’une brève audience au tribunal de Westminster Magistrates à Londres. L’homme de 62 ans s’était pointé sur place en costume sombre et lunettes noires, attendu par une foule de photographes et de caméras de télévision. A la lecture par le juge Paul Goldspring des trois chefs d’inculpation de «réalisation d’images indécentes d’enfants», il a sobrement répondu «coupable».

Indissociable des événements les plus marquants au Royaume-Uni depuis le début du siècle – c’est lui qui présentait les soirées électorales, qui avait annoncé aux Britanniques la mort de la reine Elizabeth II, le 8 septembre 2022, qui avait commenté en direct le mariage du prince William et de Kate, la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques en 2012 et, plus récemment, le couronnement de Charles III en mai 2023 –, Huw Edwards s’était retrouvé au cœur de la polémique l’été dernier. Il avait été accusé d’avoir payé un adolescent en échange de photos à caractère sexuel et avait été suspendu par la BBC. La police avait dit à l’époque ne pas avoir trouvé d’éléments indiquant qu’une infraction pénale avait été commise. Mais les faits découverts depuis vont bien au-delà des révélations qui avaient tenu les tabloïds en haleine.

Les poursuites portent sur 41 images, certaines concernant un enfant âgé d’entre sept et neuf ans, reçues sur la messagerie WhatsApp entre décembre 2020 et août 2021. Du déroulement des faits décrits par l’accusation pendant l’audience, ce mercredi, il ressort notamment que le présentateur échangeait avec un homme qui lui envoyait des centaines d’images pornographiques. Illégales et «clairement envoyées avec l’accord de Huw Edwards», celles-ci figuraient essentiellement des enfants de 13 à 15 ans. L’avocat du prévenu a insisté sur le fait que son client n’avait fait que recevoir ces images, sans les partager, et a souligné qu’il souffrait de «graves problèmes» de santé mentale et physique. Dans un documentaire, en 2021, l’intéressé avait révélé souffrir d’une dépression qui l’a régulièrement «cloué au lit».

En avril, la BBC avait annoncé sa démission, décidée «sur les conseils de ses médecins». Sévèrement critiquée pour sa gestion du scandale, l’entreprise publique a réalisé une enquête interne concluant à des insuffisances dans ses procédures pour traiter des plaintes relatives au comportement de ses employés. Mercredi, la BBC s’est dite «choquée» par les aveux de son ex-journaliste, assurant qu’il aurait été renvoyé s’il travaillait encore pour l’audiovisuel public britannique.

Le géant audiovisuel reste traumatisé par sa gestion de plusieurs scandales à caractère sexuel, en premier lieu l’affaire Jimmy Savile, qui a éclaté en 2012 un an après la mort de cet animateur star, auteur de viols et d’autres agressions sexuelles à l’encontre de mineurs pendant des décennies. Huw Edwards, pour sa part, reste en liberté sous contrôle judiciaire en attendant une prochaine audience le 16 septembre. Dans la mesure où il a reconnu sa culpabilité, le juge prononcera sa peine ultérieurement sans qu’un procès soit organisé.

Mis à jour à 18h06 avec la réaction de la BBC.