Menu
Libération
Assassinat

Andriy Portnov, éminence grise de l’ère Ianoukovitch en Ukraine, abattu en Espagne

Article réservé aux abonnés
Honni en Ukraine, cet avocat, ancien chef adjoint de l’administration présidentielle à l’époque de Viktor Ianoukovitch, s’était enfui en Russie à l’issue de la révolution de Maidan en 2014. Beaucoup le considéraient comme celui qui, dans l’ombre, tirait encore les ficelles des affaires de corruption dans les tribunaux ukrainiens.
Andriy Portnov, alors chef adjoint de l'administration présidentielle de Viktor Ianoukovitch, lors d'une conférence de presse à Kyiv, le 31 octobre 2013. (REUTERS)
par Stéphane Siohan, correspondant à Kyiv
publié le 21 mai 2025 à 21h05

Mercredi matin, des coups de feu éclatent à Pozuelo de Alarcón, banlieue huppée de Madrid. Il est 9 h 15 lorsqu’un appel au 112 signale qu’un homme gît au sol, devant l’école américaine. La police espagnole arrive et découvre le corps d’un citoyen ukrainien, Andriy Portnov, qui venait de déposer un de ses enfants à l’école. L’Ukrainien n’a pas eu le temps de repartir qu’il a été atteint de cinq balles, à la tête et dans le dos. Ses assaillants – au nombre de deux ou trois selon les sources – ont réussi à prendre la fuite. En fin de matinée, l’information, propagée par les agences de presse, se répand comme une traînée de poudre à Kyiv, où elle résonne comme une déflagration politique.

Comme l’écho malaisant d’un passé remontant à la surface. Sans des gens comme Portnov, l’histoire récente de l’Ukraine aurait pu prendre un cours différent… Avocat de profession, né à Louhansk en 1973, Andriy Portnov est un de ces petits poissons devenus gros dans les eaux troubles des premières années de l’indépendance, navigant habilement entre administration d’Etat et entreprises privatisées. Les divers services proposés par son cabinet vont jusqu’aux reiderstvo : des prises de contrôle hostiles, par la menace, d’entreprises ou de propriétés privées. En 2005, Andriy Portnov entre en politique, devient député de Batkivshchyna (Patrie), le parti de Ioulia Timochenko.

«Lois dictatoriales»

Cinq ans après, il rejoint