Elle va laisser un grand vide. Les Allemands ne semblent pas encore en avoir pris conscience. La chancelière non plus. «C’est seulement après qu’on réalise ce qui vous manque», disait-elle philosophiquement, lors de sa dernière conférence de presse estivale. Pour toute une génération d’Allemands, Angela Merkel est éternelle. Les plus jeunes ont grandi avec cette chancelière comme les Anglais avec leur reine. «Mutti» a connu quatre présidents américains, quatre Français, cinq Premiers ministres britanniques et même deux présidents chinois. Seuls Vladimir Poutine, en Russie, et Recep Tayyip Erdogan, en Turquie, survivront à son règne.
Merkel incarne ce à quoi les Allemands ont toujours aspiré depuis la fin de la guerre : la stabilité (qu’elle symbolise avec son losange formé par ses mains). Sa patience et sa recherche du compromis suscitent un grand respect y compris chez ses adversaires. Même les jeunes reconnaissent son talent de négociatrice. «Son style de gouvernance, conciliateur, serein, rassurant, a fini par déteindre sur eux», assure Klaus Hurrelmann, sociologue à la Hertie School de Berlin. Toujours habillée d’un uniforme (ve