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Anglais ou français, swahili ou grec : à l’Eurovision, le choix des langues est «hautement politique et stratégique»

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Souvent critiqué pour la part de chansons en anglais, le concours musical offre pourtant une plateforme inédite aux langues et dialectes du continent. Le choix de ces derniers vise souvent à faire vivre des identités nationales ou locales.

ParDamien Cottin
Julien Guillot
Alice Clair
Journaliste - Infographie
Savinien de Rivet
Journaliste - Infographie
Publié le 10/05/2024 à 18h43

Français, bosnien, swahili, latin… Depuis sa création, quelque 70 langues et dialectes ont été utilisés sur la scène de l’Eurovision. Après avoir imposé pendant quelques années l’utilisation des langues nationales, le concours a accordé une pleine liberté aux artistes de 1973 à 1976, puis à nouveau depuis 1999, jusqu’à aujourd’hui. Le groupe Abba, avec sa chanson Waterloo, est ainsi, en 1974, le premier à remporter la compétition avec une autre langue que celle de son pays, la Suède.

Depuis 1956, la richesse linguistique européenne est inscrite au cœur même de l’Eurovision puisque les présentateurs ont l’obligation de s’exprimer en anglais et en français. En réglementant l’animation, «le concours montre que l’idéal européen n’est pas monolingue mais plurilingue», analyse Paulette van der Voet, doctorante en linguistique, qui propose un cours sur l’Eurovision à l’université suédoise d’Umeå. La compétition a toujours donné un écho à une variété de langues et de dialectes, parfois méconnus, davantage que les institutions politiques. «En cela, c’est une très bonne vitrine pour montrer la diversité linguistique de l’Europe», ajoute sa collègue Solveig Bollig, doctorante elle aussi à Umeå.

«Rendre une chanson plus accessible»

Cela n’empêche pas chaque année les critiques sur la domination de l’anglais au concours. En réalité, si