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Libération
Sacrifices

Après douze ans d’austérité, la Grèce sort enfin du viseur de l’UE

Sous surveillance renforcée de l’Europe depuis 2010 en raison de sa très mauvaise santé économique, Athènes tourne cette page ce samedi. Avec une croissance de 4%, le pays est même l’un des plus dynamiques du continent, mais la situation reste loin d’être idyllique.
Des vendeurs écoulaient leurs produits sur un marché d'Athènes, le 14 août dernier. (Thanassis Stavrakis/AP)
publié le 20 août 2022 à 14h08

C’est la fin d’un long tunnel. Après douze ans sous étroite surveillance par la commission européenne, la Grèce sort de la surveillance renforcée de l’UE, «un jour historique pour la Grèce et les Grecs», annonce ce samedi le Premier ministre grec dans une adresse à la nation.

«Un cycle de 12 ans qui a apporté de la douleur aux citoyens, fait stagner l’économie, et diviser la société se referme», a estimé samedi le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis. «Un nouvel horizon clair de croissance, d’unité, de prospérité émerge pour tous», a-t-il ajouté.

Trois plans de sauvetage de 289 milliards d’euros

En 2010, le gouvernement grec s’aperçoit que ses caisses sont vides et fait appel à l’UE, à la Banque centrale européenne et au Fonds monétaire international. Depuis, trois plans de sauvetage de 289 milliards d’euros ont été mis en place par ces créanciers, qui exigent d’Athènes de prendre des mesures d’austérité visant à améliorer les finances publiques du pays et à faire rentrer de l’argent dans les caisses. Les retraites et les salaires ont été réduits, les impôts sont augmentés, les embauches dans le public gelées, les budgets des administrations, des hôpitaux, et de tous les organismes publics amputés.

En 2018, le troisième programme s’achève, mais la Commission européenne lance ensuite un régime de surveillance renforcée de l’économie grecque pour vérifier la mise en place des réformes prises et la poursuite des privatisations. Athènes s’engage aussi à maintenir un surplus primaire (avant service de la dette) de 3,5 % du produit intérieur brut (PIB).

«La fin de la surveillance renforcée de la Grèce marque également la conclusion symbolique de la période la plus difficile que la zone euro ait connue», souligne ce samedi dans un communiqué le commissaire européen à l’économie Paolo Gentiloni. «Notre forte réponse collective à la pandémie [de Covid-19] a montré que l’Europe avait tiré les leçons de cette crise», se réjouit-il également.

«La Grèce d’aujourd’hui est une Grèce différente», assure par ailleurs le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. «Nous avons une forte croissance et une baisse importante du chômage de 3 % depuis l’an dernier et de 5 % depuis 2019», ajoute-t-il. La Commission européenne s’attend à une croissance de 4 % cette année alors qu’en moyenne dans la zone euro elle devrait s’élever à 2,6 %. Mais le chômage reste l’un des plus élevés de la zone euro, le salaire minimum l’un des plus faibles et la dette de 180 % du PIB reste un poids pour l’économie du pays.