Une enquête pour «crime de guerre» a été ouverte en France après la mort du photojournaliste français Antoni Lallican, tué dans une attaque de drones en Ukraine, a annoncé ce dimanche le parquet national antiterroriste français (Pnat). Les investigations sont confiées à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH), précise le Pnat, sollicité par l’AFP.
Le reporter de 37 ans, qui travaillait notamment au sein de l’agence de photos Hans Lucas et pour des médias français (Libération...) et étrangers (Die Welt, Le Temps...), a été tué vendredi matin dans une attaque de drones dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine. Au cours de cette frappe, un journaliste ukrainien, Georguiï Ivantchenko, a également été blessé.
L’enquête du Pnat a été ouverte en «flagrance», c’est-à-dire pour un crime venant d’être commis. Le chef de «crime de guerre», qui est une des compétences du Pnat, consiste en une «atteinte volontaire à la vie et l’intégrité physique ou psychique d’une personne protégée par le droit international humanitaire». «Crime de guerre» englobe aussi une «attaque délibérée contre la population civile en tant que telle ou contre des personnes civiles qui ne prennent pas part directement aux hostilités», rappelle par ailleurs l’autorité.
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«Réalité de la guerre»
Vendredi, Emmanuel Macron avait rendu hommage à Antoni Lallican, «victime d’une attaque de drones russes». Il avait également salué le travail des journalistes «qui, au péril de leur vie, nous informent et témoignent de la réalité de la guerre». Pour Libération, Antoni Lallican s’est notamment rendu à l’été 2022 dans le Donbass, à Lyssychansk, où les combats faisaient rage. Un an plus tard, il a accompagné une de nos journalistes pour un reportage dans une morgue de Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine. Quant à George Ivanchenko, il a photographié pour Libération des soldats ukrainiens fatigués par la guerre, qui refusaient la conscription.
Ce photojournaliste a été «tué par un drone russe près de Droujkivka (dans la région de Donetsk), malgré l’inscription “PRESSE” sur son gilet», avait de son côté assuré le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriï Sybiga. «La Russie continue de délibérément cibler les journalistes […]. Nous ferons tout pour que les responsables répondent de leurs actes», avait-il ajouté.
Selon les autorités ukrainiennes, le photojournaliste français faisait partie d’un groupe de journalistes qui accompagnaient une unité de la 4e brigade blindée ukrainienne près de la localité de Droujkivka, à une vingtaine de kilomètres du front oriental.