Lorsque l’on s’enfonce en direction du corridor de Latchine, le brouillard et les nuages se font de plus en plus épais. Comme si le ciel s’était peu à peu teinté de l’ambiance pesante qui s’est répandue sur la région frontalière du Syunik, aux portes du Haut-Karabakh. Le long de la route, des groupes d’habitants des villages frontaliers sont venus observer avec inquiétude l’autre côté des montagnes, d’où l’on aperçoit au loin l’Artsakh, nom arménien du Haut-Karabakh. Au milieu des vieilles Lada soviétiques, cigarette en bouche, certains guettent l’horizon à l’aide de jumelles.
Chacun vient ici tuer l’attente, être au plus près, car il est devenu insupportable d’attendre seul chez soi les nouvelles. Visage creusé et épaisse barbe blanche, Andranik fait les cent pas. «J’ai mes petits-enfants et mon fils qui sont à Stepanakert. Depuis hier, je n’ai aucune nouvelle d’eux. J’appelle en boucle mais ça ne répond pas. L’attente est insupportable, je ne sais plus quoi faire», souffle le vieil homme de 75 ans, les yeux humides sous son béret. Mardi 19 septembre, l’Azerbaïdjan a lancé une offensive militaire sur le Haut-Karabakh arménien, déjà