Le soleil est revenu sur la République tchèque. Dans le nord-est du pays, là où les inondations créées par le passage de la tempête Boris ce week-end ont été les plus importantes, l’eau commence à refluer. Ce mercredi 18 septembre, 120 communes étaient toujours placées en alerte inondation, mais tous les cours d’eau ont atteint leur pic et leur débit devrait commencer à réduire. Balayé par des trombes d’eau d’une ampleur exceptionnelle, le pays a plutôt bien résisté à la catastrophe annoncée.
Avant qu’arrivent les premières précipitations vendredi 13 septembre, 100 000 pompiers ont été déployés, un nombre impressionnant pour un pays de 10 millions d’habitants. En collaboration avec des associations locales, ils ont rempli des sacs de sable pour protéger les zones les plus exposées et avertir la population. «Nous vivons les premières inondations de l’histoire auxquelles la République tchèque était vraiment bien préparée», relève ainsi le quotidien économique Hospodárské noviny. Dans la région, tout le monde redoutait une catastrophe de l’ampleur de celle de 2002, quand des crues records alimentées par une semaine de pluies continues avaient emporté 110 personnes dans toute l’Europe centrale. Pour l’heure, et bien que la situation météorologique ait été assez proche de celle d’il y a vingt-deux ans, le bilan humain de la tempête Boris s’élève à 22 morts, dont trois en République tchèque, et une dizaine de disparus.
Maintien des élections
«La République tchèque a tiré les leçons des inondations dévastatrices de 2002. Pour la première fois, nous avons pris des mesures préventives. Depuis mardi dernier, nous réagissons aux prévisions et aux modèles météo qui sont bien plus précis. Toutes les personnes concernées ont été mobilisées afin de pouvoir réguler le débit des eaux. Certains établissements hospitaliers, comme à Brno, ont été évacués de manière préventive», a souligné le Premier ministre tchèque, Petr Fiala.
Dans l'oeil de Libé
Dans l’est du pays, 40 000 foyers sont encore privés d’électricité, mais la situation s’améliore. Ostrava, la troisième plus grosse ville tchèque, a retrouvé du courant après avoir été privée d’eau chaude et d’électricité lundi 16 septembre lorsque la centrale thermique qui l’alimente a été mise à l’arrêt par sécurité. Le nord du quartier périphérique de Nová Ves est par contre toujours sous les eaux, qui sont montées très haut, jusqu’à lécher le toit des maisons. Les liaisons ferroviaires vers l’agglomération sont également toujours coupées mais elles devraient être rétablies avant la fin de semaine. Signe de l’évolution positive de la situation, les élections municipales et sénatoriales de ce week-end auront bien lieu.
De l’autre côté de la frontière, le sud-ouest de la Pologne retient toujours son souffle. La plupart des cours d’eau de la région présentent toujours un niveau alarmant, selon le centre météorologique national. Lundi, le maire de Nysa, une ville près de la frontière tchèque, a ordonné aux 44 000 habitants d’évacuer. La veille, l’hôpital principal avait été inondé, des torrents d’eau brune envahissant les couloirs et obligeant les pompiers à faire sortir certains patients en bateau.
Etat de catastrophe naturelle en Pologne
Un peu plus au nord, Wroclaw, 630 000 habitants, se prépare à l’arrivée de la crue. Parfois surnommée la «Venise de Pologne», pour s’être construite entre les multiples bras de l’Oder et de la Bystrzyca, la ville craint que les digues qui la protègent ne cèdent. Ce mercredi, l’eau commençait à atteindre les immeubles et à couper des artères de Stablowice, une banlieue de la ville, où des soldats ont été envoyés en renfort. Pour la toute première fois, Varsovie a déclaré l’état de catastrophe naturelle dans le sud-ouest du pays. La mesure permet au gouvernement central d’avoir pleinement la main sur la gestion de la crise et d’imposer si besoin des restrictions à la liberté de circulation ou de réquisitionner des biens privés.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devrait se rendre jeudi 19 septembre à Wroclaw pour y rencontrer les Premiers ministres polonais, tchèque, slovaque et le chancelier autrichien et discuter des mesures de soutien européennes. Alors que le lent recul des eaux en République tchèque commence seulement à donner une idée des dégâts, il semble que le bilan financier sera lourd. L’agence mondiale de notation financière Morningstar DBRS estime qu’il devrait s’élever à au moins 1 milliard d’euros. Cette estimation semble même limitée puisque les assureurs tchèques évoquent un coût d’au moins 680 millions d’euros pour leur seul pays. Côté polonais, le Premier ministre, Donald Tusk, a annoncé le déblocage d’une première tranche d’un milliard de zlotys, soit 234 millions d’euros, d’aide aux victimes.