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Libération
Réaction

Après l’attentat de Solingen, le gouvernement allemand annonce durcir les lois sur les armes et l’immigration

Berlin a annoncé ce jeudi 29 août un durcissement des lois sur le port d’armes blanches et sur les prestations pour certains demandeurs d’asile, en réaction à l’attentat meurtrier perpétré la semaine dernière à Solingen, dans l’ouest de l’Allemagne.
Le chancelier allemand Olaf Scholz, au Bunestag en novembre 2022. (Markus Schreiber/AP)
publié le 29 août 2024 à 18h55

Après le choc suscité par un attentat au couteau qui a fait trois morts, vendredi 23 août, durant des festivités communales à Solingen, dans l’ouest de l’Allemagne, le gouvernement donne un tour de vis. «L’attentat de Solingen nous a profondément bouleversés et […] le gouvernement y réagit par un durcissement de mesures», a annoncé ce jeudi 29 août la ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser, lors d’une conférence de presse à Berlin.

Parmi les principales mesures annoncées : l’interdiction du port d’armes blanches qui vaudra notamment lors des rassemblements populaires – fêtes et foires – ainsi que dans les transports longue distance, trains mais aussi bus, a précisé la ministre allemande. Dès samedi, Dirk Wiese, député du groupe social-démocrate au Bundestag, s’était lui aussi dit en faveur d’une telle avancée sur l’interdiction des couteaux dans le journal régional Rheinische Post. Selon l’élu, il faut «plus de zones d’interdiction de port de couteaux, une extension des interdictions de port pour les anciens délinquants, une interdiction dans les trains et les bus et des condamnations rapides en cas d’infraction».

Par ailleurs, Nancy Faeser a annoncé la suppression des aides pour les demandeurs d’asile entrés dans un autre pays de l’UE avant de venir en Allemagne. Il s’agit là de permettre une mise en œuvre rapide du «règlement de Dublin» sur lequel se sont entendus les pays de l’UE : le premier pays de l’Union dans lequel est entré un étranger clandestin est responsable de sa demande d’asile. L’attentat de Solingen a en effet mis en lumière des failles dans le système : le meurtrier suspecté était arrivé en Allemagne en décembre 2022. Il faisait l’objet d’une mesure d’expulsion vers la Bulgarie, où son entrée avait été enregistrée et où il aurait dû déposer sa demande d’asile. Au moment où les autorités allemandes avaient voulu l’expulser, il avait disparu.

En coupant ces prestations, il s’agit, selon le ministre allemand de la Justice, Marco Buschmann, de mettre sous pression les demandeurs d’asile concernés afin qu’ils se présentent aux autorités allemandes ou qu’ils partent d’eux-mêmes. Les bénéficiaires de l’asile retournant dans leur pays d’origine «sans raisons impérieuses», par exemple pour des vacances, devraient perdre aussi leur droit à la protection en Allemagne, selon les mesures annoncées. Berlin veut aussi faciliter l’expulsion de réfugiés ayant fait usage d’armes. «Nous travaillons pour parvenir rapidement à la possibilité d’expulser des criminels dangereux vers l’Afghanistan et la Syrie», a assuré Nancy Faeser.

Cette attaque a remis au premier plan, outre-Rhin, les débats sur l’immigration et la sécurité publique. Le principal suspect, écroué après son interpellation, est un Syrien de 26 ans, qui aurait des liens avec l’organisation jihadiste Etat islamique. Le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué l’attentat dès le vendredi. Les trois partis de la coalition du chancelier Olaf Scholz – sociaux-démocrates, écologistes et libéraux – se trouvent donc sous pression, alors que se tiennent dimanche deux élections régionales dans l’est du pays. Le parti d’extrême droite, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), espère tirer profit de l’attaque imputée à un Syrien de 26 ans et ainsi remporter le scrutin.