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Libération
Durabilité

Après une saison pleine, la Grèce veut conjurer les dommages du surtourisme

Flux incessants, inflation des loyers et sites antiques pris d’assaut : face aux affres de l’industrie touristique, pilier de son économie, le pays incite au tourisme durable et souhaite encadrer les locations de courte durée.
Une foule de visiteurs devant les Propylées de l'Acropole d'Athènes, sous la chaleur écrasante de la canicule, le 14 juillet. (Louiza Vradi/Reuters)
publié le 6 septembre 2023 à 14h40

Cet été, l’Acropole d’Athènes a enregistré une fréquentation record avec des pics de 23 000 personnes par jour visitant les ruines lors de la haute saison. Une affluence folle qui ne devrait néanmoins pas se reproduire puisque la capacité du site antique est limitée à 20 000 personnes par jour, depuis ce lundi 4 septembre. S’y ajoute l’obligation de réserver un créneau précis. Une façon de mieux répartir les flux de touristes, qui optaient pour la plupart pour une visite des monuments tôt le matin. Compréhensible quand les températures atteignent régulièrement les 45 °C l’après-midi, jusqu’à conduire à la fermeture de l’Acropole aux heures les plus chaudes, cet été, pour éviter les insolations. Mais cet engorgement matinal menait à des «conditions déplaisantes pour le site, les visiteurs et les employés qui essayaient d’accueillir cette large foule», défend la ministre grecque de la Culture, Lína Mendóni.

Inflation des loyers

Malgré les incendies, l’été a encore été particulièrement rentable pour le tourisme hellénique. Selon l’agence de consultation aérienne ForwardKeys, le trafic aérien à destination de la Grèce a augmenté de 10 % par rapport à son niveau de 2019. L’afflux de voyageurs est une bonne nouvelle pour l’économie, quand près d’un quart du PIB de la Grèce repose sur l’industrie touristique, mais il pose aussi de nombreuses questions quant à la durabilité de ce modèle.

Le nombre toujours croissant de touristes et de locations à courte durée a contribué à l’inflation des loyers dans les villes les plus fréquentées. Selon le quotidien grec Kathimeriní, les loyers moyens à Athènes ont bondi de 30 à 40 % entre 2018 et 2022, en partie à cause de la grande proportion de logements transformés en location de courte durée, de type Airbnb. Les tensions entre touristes et locaux ont même mené à la création de collectifs grecs anti-tourisme, comme le «mouvement des serviettes», qui se bat avec les bars et hôtels pour un accès libre aux plages.

Désengorgement

Sur le long terme, le surtourisme peut dégrader la réputation de destinations prisées, ainsi des îles de Mykonos et de Santorin, courues pour leurs paysages de carte postale et leur vie nocturne, qui figurent parmi les lieux où le tourisme a diminué ces derniers temps. La faute, surtout, a des prix trop élevés, selon le journal économique grec OT, qui mentionne une baisse de 8,3 % d’arrivées en avion vers Mykonos cet été. Beaucoup de touristes se plaignent des prix exorbitants de la location et des restaurants, mais aussi de la foule constante et oppressante.

Le gouvernement grec a récemment annoncé plusieurs mesures pour mieux maîtriser le tourisme et permettre une meilleure expérience pour les visiteurs et les habitants. En plus de l’obligation de réservation de créneaux pour visiter certains sites historiques, qui devrait être étendue au reste des musées de la capitale en avril, le pays souhaite légiférer sur le statut des locations à court terme, sur le modèle des mesures prises à Paris, en vue de limiter leur expansion. L’office du tourisme grec a lancé, en 2022, la campagne «Sustainable Greece» (la Grèce durable), qui encourage les voyages hors saison et l’exploration de régions et des îles moins courues, dans l’espoir de désengorger les lieux pris d’assaut chaque été. La ministre du Tourisme, Olga Kefalogianni, s’est rendue la semaine dernière en Crète et sur les îles Ioniennes pour promouvoir un «tourisme durable», basé sur l’importance de «se concentrer sur les communautés locales» et d’attirer des visiteurs plus respectueux des lieux et des personnes, quitte à ne plus tout miser sur la quantité.