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Géopolitique

En Arménie, le Parlement ouvre la voie à une demande d’adhésion à l’UE

En froid avec son allié russe, qui ne l’a pas soutenu lors de son conflit avec l’Azerbaïdjan à l’automne 2023, le pays caucasien a annoncé ce mercredi 12 février avoir adopté en première lecture un projet de loi visant à ouvrir des négociations pour rejoindre l’Union européenne.
Le Parlement arménien à Erevan, le 4 octobre 2023. (Parlement Arménien/AFP)
publié le 12 février 2025 à 15h55

La rupture avec la Russie toujours plus avancée. Le Parlement arménien a adopté ce mercredi 12 février en première lecture un projet de loi visant à ouvrir des négociations pour rejoindre l’Union européenne, une illustration de la volonté d’Erevan, en froid avec son allié traditionnel russe, de se rapprocher des Occidentaux.

«Exprimant la volonté du peuple de la République d’Arménie, ayant fixé comme objectif de faire de l’Arménie un pays sûr et développé, l’Arménie annonce le début d’un processus d’adhésion à l’UE», est-il écrit dans le texte voté avec 63 voix «pour» et sept voix «contre». Le texte doit désormais être étudié en deuxième lecture. Il avait été soumis aux élus le 9 janvier par le gouvernement de cette ancienne république soviétique du Caucase.

L’année dernière, une pétition demandant le début d’un processus d’adhésion, soutenu par des partis et organisations pro-européennes, avait recueilli environ 60 000 signatures dans ce pays de 2,7 millions d’habitants.

Manque de soutien russe dans la guerre au Karabakh

Depuis près d’un an et demi, Erevan multiplie les gestes de défiance à l’égard de la Russie, alliée historique qui lui a longtemps vendu des armes et dispose toujours d’une base militaire sur le territoire arménien. L’Arménie reproche à Moscou son manque de soutien face à l’Azerbaïdjan, qui a entièrement reconquis par la force, à l’automne 2023, la région azerbaïdjanaise à majorité arménienne du Karabakh, contrôlée pendant trois décennies par des séparatistes.

Des soldats de maintien de la paix russes déployés dans le Karabakh n’étaient pas intervenus lors de cette offensive azerbaïdjanaise pour faire respecter un cessez-le-feu conclu fin 2020 entre Bakou et Erevan après une guerre de six semaines. La reprise de tout le Karabakh par l’Azerbaïdjan a contraint plus de 100 000 Arméniens à fuir ce territoire, par crainte d’exactions. Depuis, Erevan prend ses distances avec Moscou.

Fin janvier 2024, l’Arménie a officiellement adhéré à la Cour pénale internationale, malgré les avertissements de Moscou, et elle est désormais tenue d’arrêter Vladimir Poutine s’il met le pied sur son territoire, en vertu d’un mandat d’arrêt de cette instance délivré à l’encontre du président russe en mars 2023.

Une base militaire russe permanente se trouve toujours sur le territoire arménien, à Gyoumri, et Erevan reste membre de l’Organisation du traité de sécurité collective, une alliance militaire pilotée par Moscou. En février 2024, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, avait néanmoins affirmé que l’Arménie avait gelé «en pratique» sa participation à cette alliance. Par ailleurs, l’Arménie a aussi accueilli des exercices militaires conjoints avec les Etats-Unis en juillet.