Movsès, Elda et Anasha prennent leur mal en patience en jouant dans les couloirs de l’hôtel Median qui les accueille. Les amis de 10 et 14 ans font partie de la troupe d’enfants chanteurs qui a représenté l’Arménie lors de la finale de l’Eurovision junior à Erevan, le 11 décembre. Mais le lendemain, impossible pour eux de quitter la capitale arménienne : ils sont originaires de Stepanakert, la principale ville du Haut-Karabakh dont la seule route d’accès a été bloquée le jour même. «Je ne dors plus depuis ces trois semaines. Nous essayons de nous occuper l’esprit avec des activités, mais nous avons le cœur là-bas. Nous appelons nos familles tous les jours et sommes très inquiets», explique Movsès, les mains enfoncées dans les poches d’un sweat noir à capuche. «Tout ce que je veux, c’est rentrer à la maison. Je n’ai jamais été aussi longtemps loin de chez moi», glisse la plus jeune du groupe, Anasha, longs cheveux bruns retenus par un élastique coloré.
Depuis le 12 décembre, le corridor de Latchine est bloqué. Impossible d’emprunter cette unique route qui relie le Haut-Karabakh à l’Arménie depuis la fin de la guerre de 2020. Des manifestants azéris, pilotés en sous-main par Bakou, en interdisent le passage, prétextant militer contre l’exploitation d’une mine. L’enclave est désormais coupée du monde,