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Réactions

Attaque de Moscou : concert de condamnations internationales, Poutine pointe du doigt l’Ukraine

Attentat de Moscoudossier
Les dirigeants du monde entier ont condamné d’une seule voix l’attaque armée sanglante survenue vendredi 22 mars dans une salle de concert en banlieue de Moscou. Le président russe accuse, lui, l’Ukraine d’avoir «ouvert une fenêtre» pour que les assaillants en fuite passent la frontière.
Devant le Crocus City Hall, lieu d'une attaque sanglante revendiquée par l'EI, vendredi soir à l'ouest de Moscou. (Yulia Morozova/REUTERS)
publié le 23 mars 2024 à 11h49
(mis à jour le 23 mars 2024 à 14h04)

L’attaque armée suivie d’un incendie dans une salle de concert en banlieue de Moscou, qui a fait vendredi soir au moins 115 morts pour autant de blessés et a été revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), a entraîné un flot de condamnations internationales. Mais aussi des accusations mutuelles entre Russes et Ukrainiens. Libération récapitule les principales réactions.

Russie

Dans une allocution télévisée, Vladimir Poutine a pris la parole ce samedi après-midi, près de 24 heures après le début de l’attaque sanglante. Le maître du Kremlin a dénoncé un «acte terroriste barbare» et décrété un jour de deuil national dimanche 24 mars.

Le président russe, fraîchement réélu à la tête du pays dans un scrutin entaché d’irrégularités, a aussi pointé du doigt l’Ukraine, refuge selon lui des quatre assaillants arrêtés. «Ils se dirigeaient vers l’Ukraine où, selon des données préliminaires (des enquêteurs), une fenêtre avait été préparée pour qu’ils franchissent la frontière», a-t-il accusé avant d’assurer que «ceux qui sont derrière ces terroristes seront punis» et qu’ils «n’auront pas un destin enviable». A aucun moment, il n’a mentionné la revendication du groupe jihadiste Etat islamique (EI) intervenue dès vendredi soir alors que Kyiv a démenti avec véhémence toute implication.

Avant la revendication de l’Etat islamique, l’ex-président russe Dmitri Medvedev s’était déjà empressé, vendredi 22 mars, d’avertir que la Russie «détruira» les dirigeants ukrainiens s’il s’avère qu’ils sont responsables de l’attaque. «S’il est établi qu’il s’agit de terroristes du régime de Kyiv […], ils doivent tous être retrouvés et détruits sans pitié en tant que terroristes. Y compris les dirigeants de l’Etat qui a commis une telle atrocité», a lancé sur Telegram Dmitri Medvedev, également numéro 2 du Conseil de sécurité russe.

Andrey Kartapolov, président de la commission Défense à la Douma et ancien officier de l’armée, a déclaré ce samedi matin qu’«il doit y avoir une réponse claire sur le champ de bataille» quant à l’implication de l’Ukraine dans l’attentat contre le Crocus City Hall. Sans aucune preuve, il s’est confié au service de presse russe RIA Novosti assurant que «l’Ukraine et ses protecteurs sont les principaux acteurs de l’attentat terroriste».

Il s’agit d’un «attentat terroriste sanglant» et d’un «crime monstrueux», a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

Ukraine

L’Ukraine, qui fait face depuis deux ans à une offensive militaire russe, «n’a absolument rien à voir» avec l’attaque, a déclaré un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak. «On s’attendait à ce la version des responsables russes soient ‘’la piste ukrainienne’'», a-t-il ensuite ajouté sur X. «Les déclarations des services spéciaux russes concernant l’Ukraine sont absolument intenables et absurdes» a-t-il affirmé, avant d’ajouter : «L’Ukraine n’a pas le moindre lien avec l’incident».

Avant que l’EI ne revendique l’attaque, le renseignement ukrainien avait déclaré : «L’attentat terroriste de Moscou est une provocation planifiée et délibérée des services spéciaux russes sur ordre de (Vladimir) Poutine. Son objectif est de justifier des frappes encore plus dures contre l’Ukraine et une mobilisation totale en Russie».

France

Le président Emmanuel Macron «condamne fermement l’attaque terroriste revendiquée par l’Etat islamique», selon l’Elysée. «La France exprime sa solidarité avec les victimes, leurs proches et tout le peuple russe», poursuit la présidence française.

Etats-Unis

La Maison Blanche s’est dite «aux côtés des victimes de la terrible attaque».

Par ailleurs, le gouvernement américain a fait savoir qu’il avait prévenu ses homologues russes d’un risque d’attaque terroriste imminent à Moscou. «Au début de ce mois, le gouvernement américain disposait d’informations sur un projet d’attentat terroriste à Moscou, visant potentiellement de grands rassemblements, y compris des concerts, et Washington a partagé ces informations avec les autorités russes», a déclaré Adrienne Watson, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.

Selon Adienne Watson, le gouvernement du président Joe Biden a appliqué une politique de longue date de «devoir d’alerte», en vertu de laquelle les Etats-Unis préviennent les pays visés lorsqu’ils reçoivent des renseignements sur des menaces spécifiques d’enlèvements ou d’assassinats.

Allemagne

Le chancelier allemand Olaf Scholz a condamné samedi «la terrible attaque terroriste contre des spectateurs innocents lors d’un concert à Moscou». «Nos pensées vont aux familles des victimes et à tous les blessés», a ajouté Olaf Scholz dans un message publié sur le réseau social X (ex-Twitter).

La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a elle aussi condamné «la terreur lâche et inhumaine, où qu’elle se trouve», se disant aux côtés des familles de victimes.

Royaume-Uni

Dans un message posté sur X, le ministre des Affaires étrangères britannique David Cameron a «condamné dans les termes les plus fermes l’attentat terroriste meurtrier». «Nous présentons nos plus sincères condoléances et exprimons notre plus profonde sympathie aux familles des nombreuses victimes. Rien ne pourra jamais justifier une violence aussi horrible» a-t-il écrit.

Union européenne

«L’UE est choquée et consternée», a indiqué un porte-parole, Peter Stano. «L’UE condamne toutes les attaques contre les civils.»

Chine

Le président chinois Xi Jinping a envoyé un message de condoléances à son homologue russe Vladimir Poutine. La Chine «condamne vigoureusement l’attaque terroriste et soutient fermement les efforts du gouvernement russe pour sauvegarder sa sécurité et sa stabilité nationales», a-t-il écrit, selon des propos cités par l’agence Chine nouvelle.

ONU

Le secrétaire général de l’ONU António Guterres «condamne dans les termes les plus forts l’attaque terroriste» de Moscou, a indiqué son porte-parole adjoint Farhan Haq dans un communiqué.