Le bilan des victimes de l’attaque du Crocus City Hall à Moscou par des hommes armés s’alourdit ce mercredi 28 mars à 143 morts selon un nouveau bilan communiqué par les autorités russes, l’attaque étant déjà la pire revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique sur le sol européen. Mercredi, 80 blessés, dont 6 enfants, étaient par ailleurs toujours hospitalisés en milieu de journée, a indiqué le ministre russe de la Santé, Mikhaïl Mourachko, cité par l’agence de presse TASS.
Les quatre hommes arrêtés et accusés de terrorisme (ils encourent la prison à perpétuité) sont en détention provisoire, a indiqué le tribunal Basmanny de Moscou. Leur détention, fixée jusqu’au 22 mai, peut être prolongée dans l’attente de leur procès, dont la date n’a pas encore été fixée. Au total, les autorités russes ont rapporté l’arrestation de onze personnes dont quatre assaillants en lien avec cette attaque. Le tribunal a diffusé des images montrant trois suspects amenés dans la salle d’audience menottés et pliés en deux par des policiers, puis assis dans la cage en verre réservée aux accusés. Le quatrième est arrivé dans une chaise roulante, les yeux fermés.
L’un des suspects avait un bandage blanc à l’oreille, comme sur de précédentes vidéos de l’arrestation des assaillants présumés diffusées samedi par les enquêteurs, où trois d’entre eux apparaissaient avec du sang sur le visage. Selon le tribunal, deux des accusés ont plaidé coupable. L’un d’entre eux, un natif du Tadjikistan, a «reconnu entièrement sa culpabilité». Les autorités avaient précédemment indiqué que les suspects étaient des «citoyens étrangers», sans mentionner leur nationalité. Le Tadjikistan est une ex-république soviétique d’Asie centrale à majorité musulmane.
La Russie observe ce dimanche une journée de deuil national après l’attaque la plus meurtrière sur le sol européen revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Les autorités n’ont cependant pas évoqué la responsabilité de ce groupe, citant en revanche une piste ukrainienne. «Le pays entier est en deuil», a lancé dimanche matin la chaîne de télévision publique russe Rossia 24. Les condamnations internationales ont été nombreuses depuis vendredi et ce dimanche, c’est le pape François qui a adressé ses prières aux victimes de l’attaque meurtrière «lâche», dénonçant des «actes inhumains». «J’assure de mes prières les victimes du lâche attentat terroriste perpétré l’autre soir à Moscou», a déclaré le pape âgé de 87 ans, à l’issue de la messe du dimanche des Rameaux sur la place Saint-Pierre, au Vatican.
«Rétablir la peine de mort»
Dans le même temps, plusieurs cadres du régime de Vladimir Poutine multiplient, depuis l’attaque meurtrière de Moscou, les appels à la levée du moratoire sur la peine de mort pour les «terroristes». «Aujourd’hui, beaucoup posent la question de la peine de mort […] une décision sera prise qui répondra aux attentes de notre société», a commenté ainsi le chef du groupe parlementaire du parti du pouvoir Russie unie, Vladimir Vassiliev, au sujet de la levée du moratoire en place depuis 1996. Un autre responsable parlementaire, en charge de questions de sécurité, Iouri Afonine, est allé plus loin : «Lorsqu’on parle du terrorisme, du meurtre de gens, il faut rétablir la peine de mort dans le cadre du droit pénal».
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Outre les groupes jihadistes comme l’Etat islamique, la Russie considère nombre d’opposants et de dirigeants ukrainiens comme «extrémistes» et «terroristes». Elle a aussi ajouté ce mois-ci le «mouvement international LGBT» à la liste des organisations terroristes établie par les services financiers russes.
Mise à jour le 24 mars à 20h46, les deux premiers suspects de l’attaque ont été amenés dimanche soir devant un tribunal de la capitale russe, qui doit décider de leur placement en détention provisoire.
Mise à jour le 25 mars à 7 heures, avec le placement en détention provisoire des quatre assaillants présumés.
Mise à jour le 28 mars à 7 heures, avec le bilan humain revu à la hausse.