Le flou demeure autour de la possible «attaque terroriste» déjouée en Transnistrie. Ce jeudi, les autorités de cette région séparatiste prorusse moldave ont annoncé avoir déjoué un attentat contre ses dirigeants. Et, selon le ministère de la Sécurité publique de Transnistrie, les responsables se trouveraient du côté de Kyiv. Dans un communiqué, l’administration a ainsi déclaré avoir «déjoué une attaque terroriste» qui était, selon cette source, «préparée par les services de sécurité ukrainiens contre plusieurs responsables» de la région séparatiste, dont la capitale est Tiraspol.
«L’endroit où l’acte terroriste devait avoir lieu montre que l’objectif était d’abord l’élimination des dirigeants de l’Etat et […] de faire un grand nombre de victimes, étant donné que l’acte terroriste devait avoir lieu dans le centre de Tiraspol où de nombreux citoyens devaient être rassemblés», a martelé, selon les agences russes, le procureur de la région, Anatoli Gouretski. Selon Vitali Ignatiev, le chef de la diplomatie de Transnistrie, l’une des personnes visées serait Vadim Krasnosselski, le dirigeant de cet Etat autoproclamé, ainsi que «d’autres responsables de haut rang».
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Des déclarations à prendre avec la plus grande prudence. Car du côté gouvernement moldave, on est moins certain de la réalité de cette «attaque». Dorin Recean, le Premier ministre moldave, a dit lui «ne pas avoir confirmation» de sa véracité. Le gouvernement moldave a annoncé avoir lancé une enquête autour de ces accusations. Quant aux services de sécurité ukrainiens (SBU), ils ont rejeté en début d’après-midi ces allégations, qualifiées de «provocation orchestrée par le Kremlin». Fin févier, Moscou avait déjà affirmé que Kyiv menait des «préparatifs» en vue d’attaquer la Transnistrie.
Deux personnes arrêtées
Sur Telegram, le service de presse de la présidence de Transnistrie a tenu à rassurer la population de la région séparatiste prorusse : Vadim Krasnosselski a prévu de s’exprimer dans la soirée après la diffusion à la télévision d’un film «réalisé par les enquêteurs» sur ce prétendu projet d’attentat. Sur le réseau social russe VK, la télévision locale Perviï Pridnestrovski a donné quelques informations sur les circonstances de l’attaque : elle devait être commise avec une voiture piégée contenant huit kilos d’explosifs. La chaîne a également diffusé des images de celui qui est présenté comme le principal suspect. Identifié comme Viatcheslav Kisnitchane et né à Tiraspol en 1979, l’homme vivrait depuis douze ans à Odessa. Selon les enquêteurs, deux personnes ont été arrêtées et feront l’objet de «poursuites pour espionnage», «trahison d’Etat», «préparation d’acte de terrorisme», «préparation de multiples assassinats» et «possession illégale d’explosifs».
Depuis plus d’un an et l’invasion russe en Ukraine, les spéculations vont bon train concernant l’ouverture prochaine d’un nouveau front depuis la Transnistrie. Avec notamment, à moins de 200 km de la frontière, la grande ville ukrainienne du sud, Odessa, en ligne de mire. La Russie est régulièrement accusée de chercher à déstabiliser la Moldavie, pays anciennement situé dans sa zone d’influence mais désormais dirigé par des autorités tournées vers l’Europe. La semaine dernière, la diplomatie russe a une nouvelle fois intimé à Chisinau de mettre fin à sa «rhétorique de la confrontation antirusse», après que le Parlement moldave a adopté une déclaration dénonçant l’assaut russe contre l’Ukraine. De son côté, mi-février, la présidente moldave Maia Sandu, sur la base de documents interceptés par les services secrets ukrainiens, avait accusé la Russie de fomenter un coup d’Etat.