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Libération
Reportage

Au Kosovo, les avancées du gouvernement Kurti vues comme une intégration forcée par les Serbes

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Malgré les critiques de ses partenaires occidentaux, le Premier ministre kosovar a réussi une partie de son pari : établir la souveraineté de Pristina dans le Nord du pays à majorité serbe. Mais celle-ci estime faire les frais de cette politique de fermeté.
Le Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, à Pristina, le 5 mars. (Armend Nimani /AFP)
par Louis Seiller, Envoyé spécial dans le nord du Kosovo
publié le 20 mars 2024 à 7h18

Elles sont sûrement le signe le plus visible des changements récents survenus dans le nord du Kosovo. Composées essentiellement de Kosovars albanais, les unités de police quadrillent les routes de ce petit territoire régulièrement secoué par des pics de violence. Elles imposent les lois du jeune État toujours contesté : une situation presque impensable avant 2021. «Il n’y a pas de problème ici dans le Nord, affirme Veton Elshani, le directeur adjoint de la police régionale. Les groupes criminels, on peut s’en occuper facilement. Le problème est de nature politique et il se situe en Serbie : Belgrade dispose d’un bouton rouge, et si les autorités serbes appuient dessus, alors la situation peut basculer.» Auparavant, sous le contrôle de Belgrade, le nord du Kosovo était synonyme de zone de non-droit et de trafics en tout genre.

Drapeaux et injonctions

Police, mais aussi tribunaux ou mairies : avec sa politique inflexible, le Premier ministre Albin Kurti a réussi à y imposer l’autorité de ses institutions en à peine trois ans. Des maires albanais administrent aujourd’hui des municipalités du nord où flotte toujours le drapeau de Serbie. A Leposavic, l’édile Lulzim Hetemi se vante d’avoir employé des dizaines de Serbes locaux. Elu avec moins de 4 % des voix à la suite du boycott de la communauté serbe, ce membre du parti de Kurti ne s’oppose pas à la tenue de nouvelles élections