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Libération
Drame

Au large du Yémen, au moins 49 morts et 140 disparus dans le naufrage d’un bateau de migrants

Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
260 Somaliens et Ethiopiens étaient à bord de l’embarcation et espéraient rejoindre les pays du Golfe. Selon le bilan provisoire, 31 femmes et 6 enfants sont morts et 140 personnes sont encore portées disparues. Depuis 2014, plus de 1 300 migrants sont morts sur cette «route de l’Est».
Les migrants qui tentent le voyage par la «route de l’Est» sont le plus souvent originaires de la Corne de l’Afrique. (Oliver Weiken /Andia)
publié le 11 juin 2024 à 17h34

Si la Méditerranée est la route migratoire la plus meurtrière pour rejoindre l’Europe, d’autres passages sont moins connus, mais tout aussi dangereux. Ce mardi 11 juin, un bateau a fait naufrage au large du Yémen. 260 Somaliens et Ethiopiens étaient à son bord et espéraient rejoindre les pays du Golfe. Pour l’instant, 49 d’entre eux sont morts – dont 31 femmes et 6 enfants –, 140 sont portés disparus et 71 ont survécu, d’après les premières estimations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Selon des survivants, le bateau a quitté Bossaso en Somalie vers 3 heures dimanche, avec à son bord 115 ressortissants somaliens et 145 Ethiopiens parmi lesquels 90 femmes, précise le communiqué. «Cette tragédie nous rappelle une fois de plus qu’il est urgent de travailler ensemble pour relever les défis urgents de la migration et assurer la sécurité des migrants le long des routes migratoires», a déclaré Mohammedali Abunajela, porte-parole de l’OIM.

Conflits, dictature et catastrophes naturelles

En avril, deux autres navires avaient coulé au large des côtes de Djibouti, en face du Yémen, à deux semaines d’intervalle, faisant aussi des dizaines de morts. Depuis 2014, au moins 1 350 migrants ont péri sur cette «route de l’Est», sans compter cette année, selon l’OIM. Les personnes qui tentent ce voyage au péril de leur vie sont le plus souvent originaires de la Corne de l’Afrique.

Ils fuient des conflits politiques, comme la guerre civile qui dure depuis 2006 en Somalie, les conflits du nord de l’Ethiopie ou la pire dictature de l’Afrique en Erythrée. Ils sont aussi contraints de partir à cause de catastrophes naturelles : en 2023, des pluies diluviennes ont causé des inondations et la mort de plus de 300 personnes et au moins 2 millions de déplacés en Somalie ou encore en Ethiopie. Quelques mois plus tard, ces pays devaient subir une sécheresse historique, la pire depuis quarante ans.

Ces crises politiques et climatiques entraînent des famines : dans la Corne de l’Afrique, une personne meurt de faim toutes les 48 secondes selon l’ONG Médecins du monde. Alors, des milliers d’Erythréens, d’Ethiopiens et de Somaliens fuient en tentant de traverser la mer Rouge pour atteindre les pays du Golfe, riche en pétrole.

D’autres menaces

En s’installant par exemple en Arabie saoudite, ils peuvent trouver des emplois d’ouvrier ou d’employé de maison. Mais ce pays du Golfe est loin d’accueillir ces nouveaux travailleurs africains à bras ouverts. L’année dernière, l’ONG Human Rights Watch a accusé les gardes-frontières saoudiens d’avoir tué «des centaines» d’Ethiopiens qui tentaient de pénétrer dans la monarchie pétrolière depuis le Yémen de mars 2022 à juin 2023. Ryad a rejeté ces accusations les qualifiant d’«infondées».

Les migrants qui parviennent à atteindre le Yémen sont souvent confrontés à d’autres menaces pour leur sécurité, étant donné que le pays le plus pauvre de la péninsule arabique est en proie à une guerre civile depuis près de dix ans. En mai, l’OIM a indiqué que, malgré ces périls, le nombre d’exilés arrivant chaque année au Yémen avait «triplé de 2021 à 2023, passant d’environ 27 000 à plus de 90 000».