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Drame

Naufrage de migrants en Grèce : neuf personnes soupçonnées d’être des passeurs ont été arrêtées

Migrants, l'hécatombedossier
Le navire de pêche, sans doute parti de Libye pour rejoindre l’Italie, a coulé mercredi 14 juin. Les opérations de recherche se poursuivent.
Des survivants recevaient les premiers soins à leur arrivée au port grec de Kalamata, mercredi 14 juin. (Uncredited/AP)
publié le 14 juin 2023 à 12h59
(mis à jour le 15 juin 2023 à 20h11)

Neuf personnes de nationalité égyptienne soupçonnées d’être des passeurs ont été arrêtées en Grèce, après le naufrage d’un bateau de migrants au large des côtes grecques qui pourrait avoir fait des centaines de morts, a appris l’AFP de source portuaire jeudi. Parmi elles figure le capitaine de l’embarcation vétuste et surchargée qui a chaviré avant de couler, entrainant la mort d’au moins 78 personnes, selon un bilan officiel.

La Grèce poursuit ses recherches d’éventuels survivants au lendemain du chavirement d’un bateau surchargé de migrants, un naufrage qui pourrait avoir fait des «centaines» de morts. Soixante-dix-huit corps ont jusqu’ici été retrouvés en mer au large des côtes de la péninsule du Péloponnèse, selon les garde-côtes. Mais l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a dit «redouter que des centaines de personnes supplémentaires» se soient noyées «dans l’une des tragédies les plus dévastatrices en Méditerranée en une décennie».

Combien sont-ils précisément ? Dans une macabre litanie de chiffres, le bilan officiel, communiqué par les garde-côtes grecs au gré des opérations de recherche, n’a cessé de s’alourdir au fil de la matinée de mercredi, jour du naufrage. 17 d’abord, puis 32, puis 59, puis 78 victimes. C’est déjà le naufrage le plus meurtrier de l’année en Grèce et tout semble indiquer que le bilan va encore empirer.

A la mi-journée, une centaine de personnes avaient pu être secourues, selon les garde-côtes. Le naufrage du navire, vraisemblablement parti de Libye pour tenter de rejoindre l’Italie, s’est produit dans les eaux internationales, à 47 miles marins (environ 90 kilomètres) de Pylos, en mer Ionienne. Les rescapés étaient en cours d’acheminement par bateau jusqu’au port de Kalamata, dans le sud du Péloponnèse, selon un communiqué des garde-côtes. Quatre passagers souffrant d’hypothermie ont par ailleurs été évacués par hélicoptère, également jusqu’à Kalamata, où ils ont été hospitalisés.

Aucun gilet de sauvetage

La présidente grecque, Ekateríni Sakellaropoúlou, est attendue à Kalamata dans la journée. Favori des législatives du 25 juin avec son parti Nouvelle Démocratie, l’ancien Premier ministre conservateur Kyriákos Mitsotákis a annoncé le report d’un meeting de campagne prévu mercredi soir à Patras. De son côté, le leader du parti de gauche Syriza, et également ancien Premier ministre, Aléxis Tsípras, a déploré sur Twitter «une tragédie humaine, qui reflète de la manière la plus triste le désespoir de ceux qui demandent l’asile en Europe».

Les autorités grecques ont précisé qu’au moment du naufrage de l’embarcation, aucun des passagers n’était équipé de gilet de sauvetage. Le nombre total de personnes à bord reste inconnu, mais de premiers témoignages, relayés par la presse locale, évoquent le chiffre de 400 passagers. Une source au sein du ministère grec des Migrations a évoqué «des centaines» de migrants, laissant redouter un bilan encore plus lourd.

Si aucune information n’a pour l’heure été communiquée par les autorités sur la nationalité des passagers, les premiers témoignages évoquent des migrants venus notamment d’Afghanistan, du Pakistan, de Syrie et de Palestine.

Outre les patrouilleurs de la police portuaire, une frégate de la marine de guerre grecque, un avion et un hélicoptère de l’armée de l’air ainsi que six bateaux qui naviguaient dans la zone, participent aux opérations de sauvetage et de recherche.

Repéré par Frontex

Selon un communiqué des autorités portuaires grecques, le bateau de pêche avait été repéré pour la première fois mardi après-midi par un avion de Frontex, l’Agence européenne de surveillance des frontières, mais les migrants à bord auraient «refusé toute aide».

Selon les premières informations des autorités, le bateau des migrants aurait appareillé de la région de Tobrouk, à la pointe nord-est de la Libye, à destination de l’Italie. Face aux refoulements illégaux («pushback») de migrants par la Grèce vers la Turquie voisine, qui ont fait l’objet de multiples témoignages et enquêtes, notamment par Libération, la route migratoire directe entre la Libye et l’Italie, longue et périlleuse, s’est développée.

Mercredi, un voilier en difficulté avec 80 migrants à bord naviguant au large de la Crète a ainsi été secouru et remorqué par des patrouilleurs des garde-côtes au port de Kaloi Limenes, dans le sud de l’île, selon la police portuaire grecque.

L’an dernier, près de 3 800 personnes ont péri sur les routes migratoires d’Afrique du nord et du Moyen-Orient, un record depuis 2017, a annoncé mardi l’Organisation internationale des migrations (OIM). «Un total de 3 789 décès ont été recensés en 2022, 11 % de plus que l’année précédente», selon un communiqué de l’OIM, qui rappelle le sinistre record précédent : 4 255 décès en 2017. La région Mena (Moyen-Orient, Afrique du Nord) compte pour «plus de la moitié du total des décès de migrants à l’échelle mondiale» l’an passé.

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