Il règne ce soir-là une ambiance bon enfant à Hernani. Adossé à l’église, le fronton à ciel ouvert héberge la demi-finale d’un championnat local de pelote basque avec pala (raquette). Quelque 200 personnes applaudissent à tout rompre la paire de jeunes pelotaris qui défendent les couleurs de la commune. La plupart sont attablés sur la place attenante, en grappes d’amis ou en famille, dégustant un verre de cidre artisanal ou de bière. Pas une parole ne s’entend en espagnol, seulement en euskara, l’idiome basque qui s’enseigne en priorité à l’école. Sous des arbres centenaires, cette scène bucolique ne serait rien d’autre qu’un moment banal si, sur la paroi verte du fronton, il n’y avait ces lettres géantes, «Etxera» («à la maison»), peintes en rouge au-dessus de douze portraits.
Ils représentent les personnes du village qui, comme 194 autres, purgent de longues peines de prison en Espagne ou en France. Ce sont les «prisonniers basques», comme on désigne sobrement d’anciens militants d’ETA ayant participé à des commandos pour éliminer des représentants de l’Etat espagnol honni, militaires, policiers, élus municipaux… «Etxera, c’est parce qu’on exige qu’ils reviennent, qu’on les sorte de prison, commente un vieil homme avec une canne et un béret. L’Espagne a suffisamment été cruelle avec eux, cela suffit, il est temps qu’ils regagnent leurs pénates, et en particulier ces douze de chez nous !»
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