Toute la semaine, le réveil d’Inis sonne un peu avant 5 heures du matin. Depuis son domicile, la jeune fille marche jusqu’à la gare d’Ovar, dans le district d’Aveiro, à une quarantaine de kilomètres au sud de Porto. Elle monte dans le train. Puis dans le métro. Puis dans un bus. Près de deux heures à l’aller, la même chose au retour. La condition pour espérer s’asseoir sur les bancs de son école de commerce, à Porto, avant le début des cours. Malgré un petit boulot en parallèle de ses études, Inis n’a pas les moyens de vivre dans la ville, qui a vu son loyer médian grimper de 59 % entre 2017 et 2023 - jusqu’à 75 % d’augmentation, sur la même période, pour les quartiers les plus prisés.
«Le prix d’une chambre en colocation à Porto c’est la totalité de mon salaire, 400 euros. Il faut bien que je mange, que je paye mes frais de scolarité, entre autres», lâche-t-elle en ajustant son traje, sorte de grande cape noire qui fait partie de l’uniforme des étudiants du pays. «Je perds tellement de temps dans les transports, parfois je dois rater des cours pour attraper le dernier train…» Inis soupire, puis, dans un anglais parfait : «Ce n’est pas la vie d’étudiante que j’imaginais.»
Comme elle, mercredi 20 mars, des centaines d’étudiants en droit, en médecine, en éducation physique ou en économie ont convergé vers l’hôtel de ville de Porto. Outre la tenue traditionnelle qui leur donne des airs d’élèves sages et solennels, les manifestants sont venus avec des v