Confortablement en tête des sondages depuis fin 2021, Keir Starmer est un personnage atypique dans la politique britannique de ces dernières années, plus souvent faite d’annonces farfelues et de chefs de partis caricaturaux. Peu de sessions de questions au Premier ministre – ces joutes verbales hebdomadaires qui se déroulent sous les sifflets du Parlement – n’ont offert de contraste plus saisissant que celles qui donnaient à voir un Boris Johnson débraillé, bafouillant ses reparties face à un chef de l’opposition impassible, qui l’attaquait point par point de son ton neutre d’avocat. C’était en 2021, et tout donnait alors Starmer éternel perdant, par manque de charme, de peps et de croustillant. Trop ennuyeux au goût des Britanniques ? Si on a que ça à lui reprocher, élude-t-il, c’est qu’il a déjà gagné.
Les cheveux grisonnants rabattus vers l’arrière, toujours rasé de près, les sourcils figés dans un semi-froncement permanent, Keir Starmer a beau être présenté comme le prochain Premier ministre, il reste un personnage mal connu du grand public, qui n’est pas certain de ses positions. Il apparaît comme distant et privilégié malgré son an