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Libération
Downing Street

Au Royaume-Uni, le discours raté de Rishi Sunak sous une pluie battante

C’est sous des trombes d’eau et au son de l’hymne des travaillistes en 1997 diffusé par des manifestants, que le Premier ministre conservateur a annoncé des élections législatives anticipées et tenté tant bien que mal de défendre son bilan et son parti.
Debout devant son pupitre, sur le perron du 10 Downing Street, à Londres, Rishi Sunak a du mal à prononcer son discours, le mercredi 22 mai 2024. (Hollie Adams/REUTERS)
publié le 23 mai 2024 à 10h28

Il est apparu les cheveux lissés par la pluie et le costume imbibé d’eau. Après des mois de spéculations, Rishi Sunak a annoncé mercredi 22 mai la tenue d’élections législatives surprises pour le 4 juillet. Mais entre la pluie battante et des haut-parleurs bruyants, le conservateur n’aurait pas pu choisir pire moment pour faire sa grande annonce.

Debout devant son pupitre, sur le perron du 10 Downing Street, à Londres, Rishi Sunak semble mal en point. Tentant d’abord de rappeler son ancienne popularité pendant la pandémie, le Premier ministre a rapidement vu sa voix recouverte par les paroles retentissantes de «Things can only get better» («Les choses ne peuvent que s’améliorer»), diffusée par des manifestants à proximité. Une chanson du groupe nord-irlandais D : Dream, qui a été utilisée comme hymne de campagne par le parti travailliste lors des élections législatives de 1997. Soit l’année où le Labour, emmené par Tony Blair, avait connu une victoire historique.

Une prise de parole décousue

«Je me suis demandé quel serait le meilleur air pour se moquer de lui s’il annonçait l’élection», a expliqué au Guardian le militant anti-Brexit Steve Bray, qui a joué la chanson. «Et bien sûr, il fallait que ce soit Things Can Only Get Better [«Les choses ne peuvent que s’améliorer», du groupe D-Ream, ndlr]». La voix de plus en plus noyée, et son costume noir de plus en plus trempé, Rishi Sunak a tenté tant bien que mal de poursuivre son discours décousu, zigzaguant entre la pandémie, l’inflation et les critiques contre le Labour. «Le plan fonctionne», a marmonné le conservateur, l’air dépité. De quoi rappeler les plus belles heures de François Hollande et ses lunettes embuées, comme lors de son discours sur l’île de Sein, en 2014.

Après de longues et douloureuses minutes, Rishi Sunak est finalement arrivé à bout de sa déclaration. Les yeux rivés sur les caméras, il a promis que le parti conservateur assurerait «un avenir sûr pour vous, votre famille et le Royaume-Uni». Avant de tourner le dos à peine sa phrase terminée et sans un sourire, visiblement pressé de se mettre à l’abri. Depuis, la presse britannique se délecte. «Things can only get wetter» («Les choses ne peuvent qu’être plus humides»), s’est moqué le Guardian mercredi soir.

Il faut dire que le moment est mal choisi pour les conservateurs, qui font face à un parti travailliste donné largement favori pour ces élections législatives. En mai, les tories avaient été encore un peu plus fragilisés lors des élections locales, en perdant quelque 500 sièges d’élus locaux. Keir Starmer, le chef de Labour, a de son côté lancé sa compagne mercredi, promettant un avenir meilleur après le «chaos» de quatorze ans de pouvoir conservateur.