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Vidéosurveillance

Au Royaume-Uni, les magasins misent sur la reconnaissance faciale pour repérer les voleurs

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Intelligence artificielle (IA) : de la fascination à l'inquiétudedossier
Profitant d’un vide juridique, plusieurs enseignes britanniques utilisent cette technologie de l’IA pour se prémunir de vols en nette augmentation. Un usage qui soulève des questions éthiques.
Facewatch est actuellement utilisé par plus de 125 enseignes, soit plus de 2 000 boutiques. (krisanapong detraphiphat/Getty Images)
par Juliette Démas, correspondante à Londres
publié le 5 avril 2025 à 13h42

A l’arrière de son magasin, dans une des rues les plus passantes de Clapham, au sud de Londres, Burak Kuzuoglu a le regard rivé sur l’écran qui diffuse simultanément les images des vingt-cinq caméras de vidéosurveillance braquées sur ses rayons d’alimentation bio. «Hier encore, une dame est entrée dans le magasin, raconte le gérant. Elle ressemblait à n’importe quelle cliente, mais en se promenant, elle a mis deux bouteilles de bouillon dans son sac avant de sortir sans payer. Deux bouteilles à 15 livres [17 euros] chacune, alors qu’on a des marges très faibles dessus», soupire-t-il. Quand il s’en est aperçu, il était déjà trop tard.

Pour expliquer le phénomène, en hausse constante, le groupement professionnel British Retail Consortium (BRC) cible le manque de réaction de la police et de la justice, une forme d’impunité – réelle ou fantasmée –, que des gangs organisés saisiraient comme une opportunité. Selon le BRC, les vols de ce genre ont coûté 2,2 milliards de livres [2,62 milliards d’euros] au secteur de la grande distribution entre 2023 et 2024. L’équivalent de 20 millions d’incidents sur la période, soit environ 50 000 par jour.

Automatiser la détection des suspects

Pour dissuader les candidats au vol, Burak Kuzuoglu a d’abord tenté d’employer des agents de sécurité pour surveiller les entrées et les sorties de Villagewholefoods son magasin à la devanture en bois – sans grand succès. Il y a deux ans, il s’est tourné vers la reconnaissance faciale, adoptant le logiciel Facewatch, développé au to