Assis sur le canapé en vieux cuir d’un bureau du collège Brasenose de la ville universitaire d’Oxford, Michael McOsker lit péniblement un texte en grec ancien sur son ordinateur portable. S’il est parfois hésitant, ce n’est pas qu’il maîtrise mal cette langue – il est papyrologue, il la côtoie au quotidien – mais plutôt qu’il est en train de déchiffrer des mots qui n’ont pas été lus depuis plus de 2 000 ans… car l’intelligence artificielle vient tout juste de les faire réapparaître sur ce fac-similé d’un rouleau de papyrus. «L’IA ne lit pas véritablement le grec, elle ne traduit rien. Elle nous montre simplement ce qu’elle estime être de l’encre», explique-t-il.
Les lettres grecques n’apparaissent pas toutes nettement, car au Ier siècle avant notre ère, «chaque mixture d’encre était faite avec des proportions d’ingrédients différents. L’IA a ses limites et peut aussi confondre la fibre du papyrus avec de l’encre». Car non seulement les rouleaux du Vésuve, issus de la bibliothèque de la ville voisine de Pompéi, Herculanum, sont deux fois millénaires, mais ils ont été carbonisés par l’éruption du volcan en l’an 79. L’un d’eux se trouve dans la bibliothèque Weston, au centre-ville d’Oxford. Dans sa vitrine, ce morceau d’histoire ne ressemble pas à grand-chose : une masse noire de 25 centimètres de long et de 7 centimètres de diamètre.
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1 800 rouleaux ont ainsi été découverts au XVIIIe siècle. A priori, ce sont tous des traités de philosophie épicurienne. C’est pour c