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Libération
Violences

Au Royaume-Uni, une nouvelle soirée d’émeutes xénophobes et un hommage à Southport

Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont à nouveau secoué plusieurs villes du pays dans la soirée du lundi 5 août, alors que se tenait aussi un rassemblement à la mémoire des trois fillettes tuées à Southport. Depuis le début des heurts une semaine plus tôt, la police a déjà procédé à plus de 378 interpellations.
Lors d'une veillée à la mémoire des victimes de l'attaque au couteau la semaine passée à Southport, en Angleterre, lundi 5 août. (Darren Staples/AP)
publié le 6 août 2024 à 9h25

Des fleurs à Southport, des cocktails molotov à Belfast. Les émeutes xénophobes se poursuivent au Royaume-Uni, une semaine après la mort de trois fillettes à Southport, dans le nord-ouest du pays, où un hommage a été rendu lundi 5 août au soir. Sans commune mesure avec les violences du week-end, la soirée a été émaillée d’incidents, notamment à Plymouth, dans le sud-ouest de l’Angleterre.

La petite ville balnéaire a été le théâtre d’un face-à-face tendu entre les manifestants d’extrême droite et les contre-manifestants, séparés par des policiers de part et d’autre d’une route, et ponctué de jets de projectiles. Selon la police locale, dont une camionnette a été endommagée, plusieurs violences envers les forces de l’ordre ont aussi été constatées. Six personnes ont été arrêtées et «plusieurs agents ont été légèrement blessés», a précisé la police sur X.

D’après la chaîne Sky News, qui a diffusé en direct les images des affrontements, un de ses véhicules a aussi été attaqué par un homme brandissant un couteau à Birmingham (dans le centre). Là-bas, une foule d’hommes de confession musulmane se sont rassemblés, se disant «prêts» à défendre la rue après des rumeurs sur la tenue d’un rassemblement d’extrême droite. En Irlande du Nord aussi, «des pierres et des cocktails molotov ont été lancées sur des agents antiémeutes» à Belfast, assure la BBC.

Près de 400 interpellations

Les émeutes durent depuis maintenant une semaine, après de premiers affrontements à Southport mardi 30 juillet. Les violences avaient éclaté au lendemain de l’attaque au couteau qui avait tué trois petites filles dans cette ville côtière du nord de l’Angleterre, après des rumeurs non étayées – et en partie démenties depuis – sur la religion et l’origine du suspect de 17 ans.

Rapidement, les manifestations s’étaient propagées à travers le pays, notamment à Liverpool (nord-ouest), à Belfast ou encore à Bristol (sud-ouest), avec comme mot d’ordre «Enough is enough» (trop c’est trop), en référence à l’arrivée au Royaume-Uni de migrants traversant la Manche sur des canots pneumatiques. Les émeutes ont été marquées par une série de violences, notamment contre des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile. Depuis le début des heurts, la police a procédé à plus de 378 interpellations, selon le NPCC, l’organisme qui regroupe les chefs des différentes forces de police à travers le pays.

Dans un contraste saisissant avec les images de violences des derniers jours, un hommage aux trois fillettes tuées s’est tenu lundi en début de soirée à Southport, en présence d’une foule d’enfants soufflant des bulles au son d’une musique douce. Selon The Guardian, des centaines de personnes étaient présentes pour se recueillir autour de fleurs, de ballons et de peluches.

Mobilisation d’une «armée»

Plus tôt dans la journée, le Premier ministre Keir Starmer avait annoncé la mobilisation d’une «armée» de réserve de policiers spécialisés pour faire face aux heurts, à l’issue d’une réunion de crise à Downing Street. Au pouvoir depuis un mois, le chef du gouvernement travailliste a souligné que sa priorité «absolue» était de mettre fin aux désordres, que «les sanctions pénales soient rapides» et de «faire en sorte que les rues soient sûres pour le public».

Ce mardi, le gouvernement a précisé ces déclarations, assurant que 6 000 policiers spécialisés dans le maintien de l’ordre seraient mobilisés, et plus de 500 places de prison disponibles pour y écrouer des émeutiers. «Nous ferons en sorte que tous ceux qui seront condamnés à des peines de prison ferme pour les émeutes et désordres auront une place en prison qui les attende», a fait savoir sur la BBC la secrétaire d’Etat à la Justice, Heidi Alexander.

Le pays n’avait pas connu une telle flambée de violences depuis 2011, après la mort d’un jeune homme métis, Mark Duggan, tué par la police au nord de Londres. Ces derniers jours, la police a notamment pointé du doigt la responsabilité de l’English Defence League, un groupuscule d’extrême droite créé il y a 15 ans, qui a formellement cessé d’exister mais dont le réseau reste actif et dont les actions anti-immigration ont souvent été émaillées de débordements.

Mis à jour à 12h20 avec la mobilisation de 6000 policiers et de 500 places de prison.