L’extrême droite s’est placée ce dimanche 29 septembre en tête des élections législatives en Autriche, signant une victoire historique pour ce parti fondé par d’anciens nazis. Avec 28,8 % des suffrages, soit un bond de près de 13 points par rapport au scrutin de 2019, selon le décompte de la quasi-totalité des bulletins, le Parti de la Liberté (FPÖ) arrive ainsi devant les conservateurs (ÖVP) menés par le chancelier Karl Nehammer. Après le retentissant scandale de l’Ibizagate et la débâcle d’il y a cinq ans, l’extrême droite revient donc en force.
Dans un contexte de montée des partis extrémistes en Europe, cette formation politique se place encore au-dessus que ce qu’avaient prédit les sondages. «Savourez ce résultat. C’est un morceau d’histoire que nous avons écrit ensemble aujourd’hui», a lancé Herbert Kickl, le chef du FPÖ à ses partisans enthousiastes réunis à Vienne. «Ce que nous avons accompli dépasse mes rêves les plus fous». Proche de certains groupuscules décriés, celui qui veut, dans le pays natal d’Adolf Hitler, se faire appeler comme lui «Volkskanzler» (chancelier du peuple), a repris à son compte le terme de «remigration», avec comme projet de déchoir de leur nationalité et d’expulser des Autrichiens d’origine étrangère.
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De son côté, la cheffe de file du Rassemblement national s’est félicitée de cette victoire : c’est une «lame de fond» qui «confirme partout le triomphe des peuples», s’est-elle réjouie sur X.
Pas d’alliance en vue
Cette première place pour l’extrême droite fait figure de séisme dans le pays alpin. Si la formation a déjà goûté au pouvoir, elle n’avait encore jamais fini en tête d’un scrutin national. Herbert Kickl n’est en revanche pas assuré d’accéder à la chancellerie. Compte tenu de son extrémisme, aucun autre parti ne souhaite a priori gouverner avec lui. Cet ex-ministre de l’Intérieur, âgé de 55 ans, a aussi su attirer les antivax avec ses propos conspirationnistes contre les mesures anti-Covid, les plus démunis touchés par l’inflation et tous ceux sensibles à la neutralité autrichienne en condamnant les sanctions contre la Russie.
En face, le chancelier Nehammer, chef de file des conservateurs, a joué la carte d’un parti «au centre» de l’échiquier politique, en dépit de positions très tranchées sur l’immigration. Malgré une chute de plus de dix points par rapport à 2019, l’ÖVP, au pouvoir depuis 1987, devrait sauf surprise conserver la chancellerie, mais les tractations seront longues pour trouver des partenaires. Si Karl Nehammer répète qu’il ne veut pas s’allier avec Herbert Kickl, il ne rejette pas une éventuelle coalition avec les «bleus» du FPÖ, comme en 2000 et 2017. Parmi les 6,3 millions d’électeurs, beaucoup tablent sur ce scénario.
Mais les conservateurs n’accepteront pas d’être le partenaire minoritaire, pronostiquent les experts. Ils préféreront sans doute s’associer avec les «rouges» sociaux-démocrates (20,4 %) et les libéraux de Neos - un format à trois serait une première en Autriche. Avec les Verts, en net recul (8,6 %), les sujets de discorde sont nombreux et le divorce semble consommé.
Mise à jour lundi 30 septembre : avec les résultats définitifs.