Des passants auraient été ciblés «au hasard» dans la rue, selon la police. Un adolescent de 14 ans a été tué et cinq autres personnes blessées samedi 15 février dans une attaque au couteau dans la petite ville de Villach, située dans le sud de l’Autriche. Le suspect a été interpellé dans la foulée. Il s’agit d’un demandeur d’asile syrien de 23 ans, dont les papiers étaient en règle et sans casier judiciaire.
La police disait samedi soir vérifier des témoignages selon lesquels l’agresseur a crié «Allah Akbar» («Dieu est grand»). Mais le ministre autrichien de l’Intérieur, Gerhard Karner, a affirmé ce dimanche 16 février qu’il s’agissait d’une «attaque islamiste avec des liens avec l’EI», a déclaré Gerhard Karner lors d’un point presse dans la commune de Carinthie où l’attaque a eu lieu. Selon le ministre, le suspect s’est radicalisé en ligne «en peu de temps».
Lors d’une perquisition effectuée dans l’appartement du suspect, la police a trouvé «des preuves claires d’une pensée radicale islamiste», comme des drapeaux de l’EI accrochés au mur, a déclaré Michaela Kohlweiss, cheffe de la police de Carinthie, lors de la conférence de presse. Elle a ajouté que la police n’avait pas trouvé d’armes ou «d’autres objets dangereux».
L’intervention d’un autre Syrien
L’attaque est survenue en pleine après-midi dans le centre de cette ville, située dans le land de Carinthie. Deux hommes sont grièvement blessés, et trois autres le sont plus légèrement, a précisé le porte-parole de la police, Rainer Dionisio. Parmi eux, se trouvent deux adolescents âgés de 15 ans. Le meurtrier présumé a été arrêté juste après l’attaque qui aurait pu faire beaucoup plus de victimes si un autre Syrien ne l’avait interrompu en le percutant en voiture, selon la police.
En réaction, le ministre de l’Intérieur a aussi déclaré qu’il souhaitait organiser des «contrôles aléatoires massifs […] ciblant des groupes particuliers, à savoir des demandeurs d’asile […] d’origine syrienne ou afghane» pour tenter de prévenir de telles attaques, sans en préciser les modalités. «La police doit disposer de meilleurs moyens […] pour assurer la sécurité des gens dans ce pays», a-t-il ajouté.
L’Autriche accueille une importante population de réfugiés syriens de près de 100 000 personnes. Après la chute de Bachar al-Assad en Syrie en décembre 2024, l’Autriche et plusieurs pays européens ont gelé les demandes d’asile en attente des Syriens. Le gouvernement autrichien a annoncé «un programme de rapatriement et d’expulsion vers la Syrie».
L’extrême droite «consternée»
Le gouverneur du land de Carinthie, Peter Kaiser, membre du Parti social-démocrate (SPÖ), a souhaité les «conséquences les plus graves» pour cette «atrocité incroyable», avec «un emprisonnement et une expulsion». De son côté, le chef de file de l’extrême droite Herbert Kickl, dont le Parti autrichien de la liberté (FPÖ) a remporté les législatives pour la première fois de son histoire en septembre, s’est dit «consterné» par l’attaque, la qualifiant de «défaillance du système». «Nous avons besoin d’une répression rigoureuse de l’asile», a déclaré dans un communiqué celui dont le parti a échoué cette semaine dans ses négociations pour former un gouvernement avec les conservateurs.
Le pays n’avait connu jusqu’à présent qu’une seule attaque jihadiste, en 2020, lorsqu’un sympathisant du groupe Etat Islamique (EI) a ouvert le feu dans le centre de Vienne, faisant quatre morts.
Cette attaque survient deux jours après une attaque à la voiture bélier à Munich, en Allemagne. Une fillette de deux ans et sa mère sont décédées samedi des suites des blessures subies lors de cette attaque à Munich, qui a fait en outre 37 blessés. Un demandeur d’asile afghan de 24 ans a été arrêté, et selon la police allemande il a fait état de motivations islamistes pour son acte.
Mise à jour : ce dimanche 16 février à 15h07, avec l’ajout de détails sur les faits, le suspect et des réactions.