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Réseaux sociaux

Aux Pays-Bas, la justice ordonne des fils d’actualités sans algorithme sur Facebook et Instagram

Un tribunal a estimé ce jeudi 2 octobre que les deux plateformes de Meta «ne permettent pas aux Néerlandais de faire des choix libres et autonomes» quant à l’utilisation des algorithmes.

(Dado Ruvic/Reuters)
Publié le 02/10/2025 à 17h44

Cela pourrait marquer le début de la fin des bulles de filtre sur les réseaux sociaux. Un tribunal d’Amsterdam a ordonné ce jeudi 2 octobre à Meta, la maison-mère d’Instagram et Facebook, d’ajouter à ses deux réseaux sociaux une possibilité de définir par défaut un fonctionnement sans algorithme.

De base, ces plateformes fonctionnent avec des recommandations, c’est-à-dire que les fils d’actualité sont exclusivement alimentés avec des publications susceptibles d’intéresser l’utilisateur, et donc renforce le biais de confirmation. Mais les utilisateurs néerlandais pourraient ainsi définir par défaut un fil d’actualité chronologique, ce qui n’est pour l’instant qu’une simple option. La justice ordonne que cette dernière soit «directement et facilement» accessible sur la page d’accueil de Facebook et Instagram.

«Actuellement, Facebook et Instagram ne permettent pas aux Néerlandais de faire des choix libres et autonomes» quant à l’utilisation des algorithmes, souligne le jugement. Et le tribunal d’Amsterdam est très ferme : «Meta Irlande (le siège européen) doit adapter ses plateformes dans un délai de deux semaines».

L’affaire est portée aux Pays-Bas par Bits of Freedom, une organisation de défense des droits civiques et de la vie privée, dans la perspective des élections du 29 octobre prochain dans le pays. Le tribunal lui a donné raison– en s’appuyant sur les règles européennes des services numériques –, afin d’exiger plus de contrôle de la part des utilisateurs sur les informations qu’ils voient sur leurs réseaux sociaux.

Meta en «profond désaccord»

Mais la firme fondée par Mark Zuckerberg ne partage pas cet avis. «Nous sommes en profond désaccord avec cette décision et allons faire appel» a-t-elle déclaré dans la foulée de la décision de justice. «Nous avons apporté des modifications substantielles à nos systèmes afin de respecter nos obligations réglementaires au titre du DSA, [le règlement européen sur les services numériques, ndlr] et avons informé les utilisateurs néerlandais de la manière dont ils peuvent utiliser nos outils pour découvrir nos plateformes sans personnalisation», a ajouté la multinationale.

Si elle ne se plie pas à la décision de la justice néerlandaise, Meta est sous le coup d’une pénalité de 100 000 euros par jour, avec un maximum de 5 millions d’euros, qu’elle devra verser à Bits of Freedom.