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Sports mécaniques

Aux Pays-Bas, la mort à l’âge de 7 ans du champion de moto Sid Veijer met en lumière les dangers des minibikes

Deux semaines après sa violente chute lors d’un entraînement fin décembre à Swalmen, le jeune espoir néerlandais a succombé à ses blessures dimanche 5 janvier. La tragédie illustre le potentiel de véhicules pouvant atteindre des vitesses impressionnantes.
Le jeune motard Sid Veijer. (Compte Instagram Veijer_racing.)
publié le 8 janvier 2025 à 17h37

Le jeune Sid «s’est battu» comme un lion, «jusqu’à la dernière minute». Hospitalisé pendant deux semaines, Sid Veijer, espoir néerlandais de la moto, est mort dans l’après-midi du 5 janvier. Il avait 7 ans. Pratiquant de minibike habitué à piloter ces motos aux dimensions réduites mais à la puissance non négligeable, le garçon n’a pas survécu à sa violente chute survenue lors d’une session d’entraînement.

La famille Veijer, bien connue dans le monde néerlandais du sport automobile, a annoncé sa mort dimanche 5 janvier dans un post publié sur Facebook. Ils évoquent «un combat injuste que Sid ne pouvait pas gagner». «Nous nous sommes battus avec lui jusqu’à la dernière minute avec tout ce que nous avions en nous, les médecins et les infirmières ont fait ce qu’ils pouvaient», ajoute le texte publié sur le compte Instagram de l’enfant.

La sortie de piste fatale de Sid Veijer est survenue le 22 décembre, lors d’un entraînement avec son frère sur une piste de karting couverte à Swalmen, dans la province de Limbourg, dans le sud des Pays-Bas. Alors qu’il multipliait les tours pour se perfectionner et ainsi atteindre la ligue supérieure, le jeune champion a perdu le contrôle de sa machine. Transporté en avion jusqu’à l’hôpital de Maastricht en avion, Sid subit quatre opérations dont trois au cerveau. Le premier communiqué de la famille évoquait déjà des blessures «très graves». Selon les médias locaux, une enquête est en cours sur les circonstances de l’accident.

Des pointes à 100 km/h

La tragédie met en lumière la pratique par des enfants parfois très jeunes des minibikes. Appelées aussi pocket bike ou dirt bike, ces minimotos sont dotées d’un moteur thermique ou électrique et vouées au loisir et non destinées à la voie publique. Elles n’ont toutefois rien d’un joujou : elles mesurent en moyenne 50 cm de hauteur de selle pour 1 mètre de longueur. Et si la majorité d’entre elles sont de petite cylindrée (49 cm³) et pointent aux alentours de 25 km/h, certains bolides de compétition à l’instar des créations du constructeur italien Ohvale GP montent jusqu’à 190 cm³ et peuvent atteindre une vitesse de 100 km/h.

En pratique, elles «dépassent rarement 55 km/h», explique au Telegraaf Robert Schotman, instructeur au sein de la structure néerlandaise Race-Kids Motorsport Rookies. Un chiffre confirmé par Jolle Wind, président du Championnat néerlandais de minibikes. «Il faut commencer avant l’âge de 10 ans si l’on veut atteindre le sommet», explique encore Robert Schotman au quotidien néerlandais. Les coureurs du top international débutent généralement vers l’âge de 7 ans.» Tout en admettant que commencer trop jeune n’est pas forcément indiqué : «On peut expliquer plus à un enfant de 8 ans qu’à un enfant de 6 ans», dit-il.

Sid Veijer maîtrisait a priori sa machine. En octobre, il s’illustrait en décrochant la première place du championnat des Pays-Bas dans la catégorie minibike Junior A. Comme son cousin Collin, treize ans avant lui. A l’annonce de sa mort, Collin Veijer, pilote dans la catégorie Moto 3 du championnat du monde de vitesse, a posté un message sur son compte Instagram pour rendre hommage à son jeune cousin. A 19 ans, Collin espère atteindre la catégorie Moto 2, dernière marche avant la catégorie reine du Moto GP.

Interdiction des ventes aux mineurs et obligation de déclarer son véhicule

Aux Pays-Bas comme ailleurs en Europe, la vente et l’usage de ces véhicules sont strictement encadrés. Il est notamment interdit de rouler sur la voie publique avec ce type de véhicule dans l’ensemble de l’UE. En France, ces petites cylindrées ne peuvent en aucun cas être vendues directement à un mineur. En revanche, une association sportive agréée peut mettre à disposition des mineurs ces minimotos. Toutefois, il est formellement interdit de piloter ces engins sur des parkings, dans des résidences privées ou encore le long de chemin de randonnée. Ces véhicules sont considérés comme «hors route».

Côté sport mécanique, le championnat de France officiel de minibike est géré par la Fédération française de motocyclisme (FFM) avec des catégories Open Bike et Promotion. C’est la porte d’entrée pour tout motard qui rêve de marcher dans les pas de pilotes tels le champion français Fabio Quartararo. Cette compétition est ouverte aux pilotes âgés de 7 à 11 ans avec des épreuves qui se déroulent en partie sur le circuit du Mans. Contactés par Libération, la FFM et l’Automobile club de l’Ouest n’ont pas répondu à nos sollicitations.

De son côté, le président du championnat néerlandais de minibike, Jolle Wind, souligne auprès du Telegraaf les exigences strictes en matière de sécurité : «Un casque homologué, une combinaison en cuir, des protections thoraciques et dorsales ainsi que des gants sont obligatoires et sont tous contrôlés par notre organisation.» Robert Schotman, l’instructeur, défend également la sécurité dans son sport. «Nous avons surtout eu des bleus, parfois un os cassé», dit-il. Avant d’estimer qu’«il y a aussi des chutes en patinage et en cyclisme. La course moto est un sport responsable. Ce n’est pas du tout étrange si vous, en tant que parent, laissez votre enfant monter un minibike».

Depuis juin 2009, tout acheteur d’une minimoto doit déclarer son acquisition dans un délai de quinze jours auprès des services du ministère de l’Intérieur. La conduite d’une minimoto sur la voie publique est punie par une contravention de cinquième classe (1 500 euros). Les seuls lieux qui peut accueillir des enfants sur des minimotos sont les circuits et terrains à usage sportif. Et si on veut juste chevaucher sa minimoto et faire des roues arrière dans son jardin, il faut avoir au moins quatorze bougies au compteur.