Aux Pays-Bas, le parti d’extrême droite islamophobe de Geert Wilders a remporté les législatives mercredi 22 novembre, selon les sondages sortie des urnes. Le PVV (Parti de la Liberté) a reporté 35 sièges et une victoire électorale confortable, selon un sondage Ipsos. Mais Geert Wilders est très loin de pouvoir former une coalition de gouvernement. La plupart des analystes ne s’attendent pas à ce qu’un gouvernement soit formé avant l’été de l’année prochaine. Libération résume les grandes lignes politiques des prochains mois.
Qui a remporté quoi, c’est la base des discussions
Après l’annonce de la victoire électorale de Geert Wilders les dirigeants des trois autres principaux partis ont assuré qu’ils ne participeraient pas à une coalition dirigée par le PVV. Kate Parker, de l’Economist Intelligence Unit, avait expliqué, avant le scrutin, que cela conduirait à une «impasse constitutionnelle» dans la cinquième économie de l’UE. Surtout, il faut d’abord se compter. L’alliance gauche et écologistes de Frans Timmermans est deuxième avec 26 sièges. Le VVD de centre droit a remporté 23 sièges, selon ce sondage Ipsos. Or, une coalition a besoin de 76 sièges sur les 150 à la chambre basse du Parlement pour gouverner. Une fois les résultats définitifs connus, on sortira les calculatrices pour établir quelle combinaison des nombreux partis ayant obtenu des sièges pourra atteindre ce nombre.
Former un cabinet est, ensuite, «un processus complexe et passionnant», assure le Parlement sur son site internet. Les partis politiques entament des discussions préliminaires pour explorer les coalitions possibles. La chambre basse nomme ensuite un «informateur», chargé de définir les contours possibles d’un accord de coalition. Jusque 2012, cette personne était nommée par le roi.
Lorsqu’il apparaît qu’un groupe de partis peut travailler ensemble, intervient un «formateur» - presque toujours la personne qui a remporté l’élection, qui commence le travail délicat de constituer un cabinet potentiel. Puis les partis signent un accord de coalition et le nouveau gouvernement propose ses plans à la chambre basse, qui devra ensuite se prononcer par un vote de confiance.
Combien de temps cela peut-il prendre ?
Longtemps ! Les partis s’affrontent généralement durant des mois pour insérer le plus grand nombre possible de points de leurs programmes dans l’accord de coalition, et cela avant même la course aux maroquins. Après les élections de 2021, il a fallu 271 jours pour créer la coalition qui devait être la dernière du Premier ministre Mark Rutte, un record.
Cela pourrait prendre encore plus de temps cette fois-ci. «Dans un contexte de forte fragmentation, la formation du gouvernement reste presque encore plus importante que le résultat exact des élections», a expliqué Herman Betten du groupe de conseil Teneo. La plupart des analystes ne s’attendent pas à ce qu’un gouvernement soit formé avant l’été de l’année prochaine.
Mais qui dirige le pays à partir d’aujourd’hui ?
Jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement prête officiellement serment, le gouvernement et le Premier ministre sortants dirigent le pays. C’est Mark Rutte lui-même qui a provoqué des élections anticipées lorsque son cabinet a chuté sur la politique d’immigration. Il a ensuite annoncé qu’il quittait la politique nationale. Les choses ont tendance à se dérouler plutôt bien pendant la période intérimaire. Il faut dire que le processus a été testé et approuvé de longue date : jamais dans l’histoire des Pays-Bas un parti n’a obtenu plus de 50 % des voix.
Mark Rutte prolonge, donc. Connu internationalement pour se rendre au travail à vélo, grignotant parfois une pomme en chemin, Mark Rutte est une voix forte en Europe, qui s’est parfois attiré le courroux de ses homologues du sud de l’UE en mettant l’accent sur la discipline budgétaire. Des spéculations prêtent à Mark Rutte, deuxième dirigeant le plus longtemps au pouvoir de l’UE après le Hongrois Viktor Orban, le souhait de succéder à Jens Stoltenberg à la tête de l’Otan.