Pour la première fois depuis 2010, les Pays-Bas ont un nouveau Premier ministre. Dick Schoof a été investi officiellement investi ce mardi 2 juillet, et succède à Mark Rutte, plus de sept mois après l’écrasante victoire du candidat d’extrême droite Geert Wilders aux élections législatives de novembre.
«Je suis très impatient de commencer à travailler en tant que Premier ministre», a déclaré sur X (ex-Twitter) le nouveau dirigeant. Avant d’ajouter : «Maîtriser l’immigration, rester en discussion, faire des choix et les exprimer clairement, voilà ce que je défends. Vous pouvez compter sur moi».
Un peu plus tôt ce mardi, Dick Schoof a présenté ses ministres au roi des Pays-Bas, Willem-Alexander, sous les ors du palais royal de La Haye. Chacun a fait un pas pour prêter allégeance au souverain et à la Constitution, avant de faire une première photo traditionnelle du «cabinet Schoof» sur les marches du palais.
Kabinet-Schoof op het bordes.#kabinetSchoof
— Dick Schoof (@MinPres) July 2, 2024
📷 RVD pic.twitter.com/kpkNlbqFj7
Fin mai, la nouvelle coalition de droite avait choisi Dick Schoof, le plus haut fonctionnaire du ministère de la Justice et de la Sécurité et l’ancien chef des services néerlandais du renseignement, pour former un gouvernement. Les quatre formations de la coalition avaient trouvé un compromis en la personne de Schoof, sans parti.
Malgré sa victoire incontestable, Geert Wilders avait dû renoncer à son ambition de devenir Premier ministre, face à la menace de certaines formations de se désolidariser à cause de ses positions notoirement anti-islam et eurosceptiques. Le nouveau Premier ministre l’assure : pas question de se laisser marcher dessus. «Je suis sans parti. Je ne me vois pas être tenu en laisse par M. Wilders», a-t-il insisté, ajoutant qu’il voulait être «un Premier ministre pour tous les citoyens néerlandais».
«Je ne me vois pas être tenu en laisse»
Désormais à la tête du pays, cet amateur de marathon âgé de 67 ans aura besoin de toute son endurance et de son expérience pour maintenir debout une coalition fragile. Loin d’être découragé, Dick Schoof se dit «déterminé» pour mettre en œuvre les plans de cette coalition, qui vise à instaurer «la politique d’admission en matière d’asile la plus stricte jamais réalisée» et un paquet de mesures «pour contrôler la migration».
S’il a été choisi, c’est aussi parce que Dick Schoof a joué un rôle clé dans diverses situations de crises. Il était notamment à la tête de l’agence antiterroriste des Pays-Bas lors de l’enquête après la destruction du vol MH17 de la Malaysian Airlines en 2014 au-dessus de l’Ukraine, qui avait fait 298 morts, dont 196 Néerlandais.
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Et cette nouvelle coalition semble convaincre une partie des habitants. Selon un sondage Ipsos publié ce mardi, la confiance de l’opinion dans le gouvernement est remontée à 42 %, après avoir atteint 29 % en septembre 2022.
Aux Pays-Bas, cette passation de pouvoir met aujourd’hui un terme aux quatorze années passées par Mark Rutte en tant que dirigeant, un record de longévité dans le pays. Dans un discours d’adieu solennel prononcé dimanche, l’ex-Premier ministre a notamment présenté ses excuses pour un scandale dans lequel des milliers de parents ont été accusés à tort – dans certains cas après un profilage racial – d’avoir touché frauduleusement des allocations familiales.
Après avoir fait le bilan de son (long) mandat, Mark Rutte a conclu en appelant à veiller les uns sur les autres, précise le quotidien néerlandais De Telegraaf. «Je compte sur vous, a déclaré l’ancien dirigeant. J’ai été honoré d’être votre Premier ministre. Je l’ai fait avec un plaisir incroyable. Merci, merci, merci». Mercredi, il avait été nommé pour remplacer le Norvégien Jens Stoltenberg la tête de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan).