Un aveu d’impuissance. Le chef de la diplomatie néerlandaise, Caspar Veldkamp, a démissionné vendredi 22 août soir, n’étant pas parvenu à obtenir de son gouvernement de nouvelles sanctions visant Israël dans le cadre de la guerre à Gaza et la situation humanitaire dramatique dans le territoire palestinien où l’état de famine vient d’être déclaré par le groupe d’experts mandaté par l’ONU.
«Je constate que je ne suis pas en mesure de prendre des mesures supplémentaires significatives» pour faire pression sur Israël, a-t-il regretté à l’issue d’un Conseil des ministres. Le responsable politique néerlandais a précisé que les mesures qu’il avait proposées avaient été «sérieusement discutées», mais qu’elles s’étaient heurtées à une résistance lors de plusieurs Conseils des ministres.
Interview
Caspar Veldkamp avait déclaré jeudi souhaiter prendre de nouvelles mesures à l’encontre d’Israël, après avoir déclaré en juillet les ministres israéliens d’extrême droite Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich «persona non grata».
Il avait notamment fait savoir en juillet que si Israël ne remplissait pas ses obligations humanitaires dans la bande Gaza, les Pays-Bas pousseraient à la suspension de la partie commerciale de l’Accord d’association entre Israël et l’UE.
Les Pays-Bas figuraient jeudi parmi les 21 pays ayant signé une déclaration commune qualifiant l’approbation par Israël d’un important projet de colonisation en Cisjordanie d’«inacceptable et contraire au droit international», dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
«Capacité à agir»
Après plusieurs heures de délibérations, les ministres néerlandais ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur de nouvelles sanctions. Caspar Veldkamp a alors estimé ne pas avoir «suffisamment confiance en sa capacité à agir en tant que ministre des Affaires étrangères dans les semaines, les mois et l’année à venir».
Le parti de centre-droite du Nouveau contrat social (NSC) auquel appartient Caspar Veldkamp s’est retiré de la coalition après la démission du ministre, ajoutant au tumulte politique que traversent les Pays-Bas.
Le 3 juin, le dirigeant d’extrême droite Geert Wilders, a en effet provoqué la chute du gouvernement, en retirant son parti d’extrême droite de la fragile coalition sur fond de désaccord sur l’immigration. Des élections auront lieu le 29 octobre.
Analyse
Le Premier ministre, Dick Schoof, a déclaré vendredi soir devant le Parlement respecter, mais regretter les démissions de Caspar Veldkamp et du NSC, «surtout au vu de la responsabilité qui incombe au gouvernement dans cette phase de démission». «Je tiens à souligner que la situation qui ne cesse de se détériorer à Gaza est dramatique, tout le monde en est conscient», a ajouté Dick Schoof.
Le gouvernement néerlandais est depuis des mois sous la pression d’une vague de protestations contre la campagne militaire d’Israël à Gaza et ce que les manifestants qualifient d’inaction des Pays-Bas. Deux manifestations ont notamment rassemblé cet été de 100 000 à 150 000 personnes à La Haye, soit les plus importantes aux Pays-Bas depuis deux décennies. Les manifestants exigeaient entre autres des sanctions contre Israël et l’accès humanitaire pour les civils à Gaza.
«Nous voyons tous l’énorme souffrance et souhaitons tous que la situation s’améliore, hier plutôt qu’aujourd’hui», a conclu le Premier ministre.
Gaza dans un état «catastrophique», selon l’ONU
La bande de Gaza est dans une situation catastrophique après plus de 22 mois de guerre entre Israël et le Hamas, conflit déclenché par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023.
L’ONU a officiellement déclaré vendredi la famine à Gaza, après que ses experts ont averti que 500 000 personnes se trouvaient dans un état «catastrophique», en attribuant clairement la responsabilité de cette famine à Israël.