Ils ont des cheveux platine, des boucles d’oreilles, des bracelets aux poignets et virevoltent sur une chorégraphie millimétrée et une musique techno. Mais en dépit de ces apparences qui ont fait le tour du monde depuis la Corée du Sud, ces cinq chanteurs ne forment pas un énième groupe de K-pop. A une consonne près, ce sont les membres de Ninety One, principaux représentants de la Q-pop, sa cousine kazakhe – le «Q» pour «Qazaqstan», le nom de leur pays transcrit du cyrillique vers l’alphabet latin.
Le Kazakhstan a découvert ce nouveau genre musical avec Ayyptama («Ne me blâme pas»), premier single de leur groupe en 2015. Après des décennies de domination soviétique, de 1936 à 1991, une question hante le pays : qu’est-ce qu’être kazakh ? Ninety One, dont le nom renvoie à l’année de l’indépendance, propose en musique une réponse qui divise. Car si le clip d’Ayyptama ravit les ados, le reste du pays est choqué. «Dégagez!», «Honte à vous !» leur lançaient en 2016 des manifestants à Karaganda, dans le centre du pays, où leur concert finira par être annulé. «Aucun parent ne voudrait que son fils ressemble à une femme», balance une militante conservatrice dans le documentaire Men Sen Emes, en 2021. Leur producteur, Yerbolat Bedelkhan, doit bien l’admettre : les Ninety One «ont secoué l