Ce sont des images qui semblent sorties d’un autre temps. 2 700 délégués alignés sagement dans leurs fauteuils du Palais de la République à Minsk, sans masque pour une écrasante majorité, et les mains rougies à force d’applaudir. Face à eux, sur l’estrade baignée d’une lumière bleutée, l’autocrate biélorusse Alexandre Loukachenko, officiellement réélu Président à l’été avec 80,2% des voix, tonne : «Ce que l’on a vu en Biélorussie était une tentative de coup d’Etat éclair, pas une révolution de couleur [le nom des précédentes révolutions qui ont secoué les anciennes républiques soviétiques, ndlr]. Ce blitzkrieg a échoué. Nous avons gardé notre pays intact.»
Le message est clair. Même défié depuis six mois par des manifestations quotidiennes qui ont profondément changé le pays, Loukachenko s’accroche encore fermement au pouvoir. «La convocation de cette Assemblée populaire biélorusse montre qu’il a l’impression de maîtriser la situation dans le pays», analyse Ioulia Shukan, maîtresse de conférences en études slaves à l’université Paris-Nanterre. Réunie tous les cinq a