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Interview

Ukraine : «Attaquer des civils et des installations comme le barrage de Kakhovka est un crime de guerre»

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Pour la juriste Mathilde Philip-Gay, la destruction partielle du barrage hydroélectrique ce mardi 6 juin est contraire aux conventions de Genève et au statut de la Cour pénale internationale.
Capture d'écran d'une vidéo diffusée par le président Zelensky sur Twitter montrant une vue aérienne du barrage de Kakhovka endommagé, ce mardi 6 juin. (Twitter Zelensky / AFP)
publié le 6 juin 2023 à 13h26

Professeure en droit public à l’université Jean-Moulin de Lyon, Mathilde Philip-Gay vient de publier Peut-on juger Poutine ? (Albin Michel). Cette juriste qui appelle à la création d’un tribunal spécial pour juger le crime d’agression contre l’Ukraine détaille les poursuites qui peuvent être engagées après la destruction partielle, ce mardi, du barrage hydroélectrique de Kakhovka situé sur le fleuve Dniepr.

Cette attaque constitue-t-elle un crime de guerre ?

Je suis juriste, il faudra que les preuves soient bien évidemment apportées, mais au vu des premiers éléments matériels, on est clairement dans un crime de guerre, c’est-à-dire un crime commis dans un conflit armé international. Parmi ces comportements qui constituent des crimes de guerre, il y a effectivement le fait de lancer des attaques délibérées contre la population civile et contre des installations contenant des forces dangereuses, à savoir les barrages, les digues. Ces ouvrages ne doivent pas faire l’objet d’offensive, même s’ils constituent des objectifs militaires. Je ne vois pas du tout comment la jurisprudence, comment un tribunal international pourrait dire que l’attaque d’un barrage, comme celui de Kakhovka, n’appartient pas à ce genre de crime.

C’est le sens des protocoles additionnels des conventions de Genève