Retour à la case prison. Ce mardi, les vidéos de Stepan Latypov, allongé au milieu du box des prévenus dans un tribunal bélarusse ont été maintes fois partagées sur les réseaux sociaux. Quelques instants plus tôt, le militant d’opposition s’était levé, avait grimpé sur un banc pour «empêcher les gardes de l’atteindre» avant de se «poignarder la gorge avec un objet ressemblant à un stylo», selon l’ONG de défense des droits humains Viasna.
Evacué par les forces de l’ordre sous les cris de ses proches, il a été transféré inconscient à l’hôpital, où il a été opéré avant d’être remis en cellule ce mercredi. Viasna n’a pas communiqué d’informations sur son état au contraire du ministère de la Santé bélarusse qui a assuré, sur sa page Telegram, que «toutes les mesures médicales nécessaires» avaient été prises pour le stabiliser et que le militant n’était «pas en danger de mort». Il aurait même repris connaissance après l’anesthésie.
Agé de 41 ans, Stepan Latypov comparaissait pour avoir coordonné le mouvement de protestation qui s’oppose depuis près d’un an à Alexandre Loukachenko, via un groupe de messagerie Telegram. Il lui était aussi reproché d’avoir créé un atelier de production de symboles de l’opposition et résisté aux policiers au moment de son arrestation, en septembre 2020. En détention, il aurait été torturé et forcé de plaider coupable par des forces de l’ordre qui menaçaient de poursuivre ses proches, sa famille et même ses voisins. Le militant en aurait averti son père, venu témoigner à l’audience, avant de tenter de mettre fin à ses jours.
Loukachenko règne sans partage
Dans un pays où toute contestation est muselée par la force et où les opposants politiques sont contraints à l’exil, le témoignage de Stepan Latypov n’est malheureusement pas très surprenant. Depuis qu’il a été réélu en août 2020 pour un cinquième mandat lors d’un scrutin qu’il assure avoir remporté avec 80 % des voix, Alexandre Loukachenko se montre de plus en plus autoritaire, en dépit des vagues d’indignation tant dans son pays qu’à l’international.
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Dernier exemple d’une longue liste, fin mai, avec la décision du dictateur de dérouter un avion de ligne qui effectuait la liaison entre Athènes et Vilnius, au prétexte d’une fausse alerte à la bombe : après l’avoir escorté jusqu’au tarmac de l’aéroport de Minsk avec un avion de chasse, ce n’est finalement pas un engin explosif que les autorités bélarusses ont trouvé à bord, mais Roman Protassovitch, un opposant politique, qui a été envoyé en prison.
L’arrestation de celui qui avait quitté le pays en 2019 et de sa compagne a été vivement critiquée par l’Occident. Dans la foulée, l’Union européenne a décidé de nouvelles sanctions contre le régime de Loukachenko, tout en fermant l’espace aérien européen aux compagnies bélarusses. Ce blâme n’a pas même fait sourciller le sexagénaire au pouvoir qui poursuit sa politique de répression. Selon Viasna, il y aurait actuellement 454 prisonniers politiques dans le pays.