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Interview

«Berlusconi a réalisé une synthèse entre les logiques du marché et celle de la politique»

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Ilvo Diamanti, professeur de sciences politiques à l’université d’Urbino, explique comment le dirigeant de Forza Italia a fait de sa seule personne le centre de son parti et de la politique italienne.
Giorgia Meloni et Silvio Berlusconi lors d'un meeting de campagne de la Ligue du Nord en 2015 à Bologne. (Splash News/Abaca)
publié le 12 juin 2023 à 20h33

Il avait su se présenter en homme neuf lors de sa première élection en 1994 sous les couleurs du parti-club Forza Italia (FI). Cette année-là, un atypique de la vie italienne et européenne investissait le terrain politique : l’entrepreneur Silvio Berlusconi voulait incarner un renouveau, quitte à recycler beaucoup d’anciens partis traditionnels, à commencer par la Démocratie chrétienne et le Parti socialiste, pour son projet d’Etat-entreprise. Ceux-ci avaient été emportés par l’opération «Mains propres» lancée deux ans plus tôt par les juges Antonio di Pietro et Gherardo Colombo qui luttaient contre la corruption et le financement illicite des partis. Berlusconi a profité de ce vide et s’est donc lancé sur les décombres d’une première république. Auteur de Peuplecratie (Gallimard) avec Marc Lazar, Ilvo Diamanti est professeur de sciences politiques à l’université d’Urbino et éditorialiste au quotidien La Repubblica. Il rappelle comment le Cavaliere «a poussé la personnalisation jusqu’à son extrême en politique».

Silvio Berlusconi est-il le père, voire le patron, le parrain du populisme, et pas seulement en Italie ?

J’ai des doutes, des réserves sur ce concept de populisme parce qu’il a été interprété de plusieurs manières, par différents auteurs selon les époques, mais une chose est sûre : Berlusconi, bien évidemment en Italie mais pas seulement, a inventé ce que l’on a appelé le parti personnel. Il a poussé la personnalisation jusqu’à son extrême e