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Libération
Reportage

Bombardements intensifs de centrales en Ukraine : «Sans électricité, on revient à l’âge de pierre»

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
En trois semaines, la Russie a bombardé 80 % des centrales thermiques du pays. Plusieurs sont irrémédiablement détruites, laissant planer la menace d’un effondrement du réseau. «Libération» s’est rendu dans l’une d’elle.
La salle des opérations d'une centrale électrique DTek détruite le 1er avril 2024 par un missile russe. (Evgeniy Maloletka/AP)
par Stéphane Siohan, Correspondant à Kyiv
publié le 13 avril 2024 à 11h51

Les murs sont ébranlés, les fenêtres remplacées par des planches, mais le tableau de commande en métal, constellé d’une myriade de boutons colorés, est intact. C’est à peu près tout ce qui reste de l’outil de travail de Yevhen, chef de station de cette centrale thermique de l’opérateur énergétique privé DTek, détruite le 22 mars dernier lors d’un bombardement, dans laquelle Libération a pu pénétrer vendredi. Le site, dont l’emplacement est volontairement préservé, est à l’arrêt, plusieurs de ses blocs thermiques ayant été touchés. Au chômage technique, Yevhen fait de l’humour noir. «On devrait presque dire merci aux Russes ! Ils ont été sympas de ne pas nous frapper en plein hiver», sourit le technicien de 53 ans, bras croisés sur le torse, près de la table centrale de la salle de contrôle où il aurait pu mourir vingt et un jours plus tôt.

«Ce jour-là, j’étais de service, entre minuit et 8 heures. Peu après la prise de poste, à 00h58, l’alerte aérienne s’est déclenchée, raconte Yevhen. On a su qu’il y avait une a