Les murs sont ébranlés, les fenêtres remplacées par des planches, mais le tableau de commande en métal, constellé d’une myriade de boutons colorés, est intact. C’est à peu près tout ce qui reste de l’outil de travail de Yevhen, chef de station de cette centrale thermique de l’opérateur énergétique privé DTek, détruite le 22 mars dernier lors d’un bombardement, dans laquelle Libération a pu pénétrer vendredi. Le site, dont l’emplacement est volontairement préservé, est à l’arrêt, plusieurs de ses blocs thermiques ayant été touchés. Au chômage technique, Yevhen fait de l’humour noir. «On devrait presque dire merci aux Russes ! Ils ont été sympas de ne pas nous frapper en plein hiver», sourit le technicien de 53 ans, bras croisés sur le torse, près de la table centrale de la salle de contrôle où il aurait pu mourir vingt et un jours plus tôt.
«Ce jour-là, j’étais de service, entre minuit et 8 heures. Peu après la prise de poste, à 00h58, l’alerte aérienne s’est déclenchée, raconte Yevhen. On a su qu’il y avait une a