Auteur de plus de 70 titres, traduit en plus de 30 langues, Boris Akounine (né Grigori Tchkhartichvili) est l’un des écrivains russes les plus prolixes des deux dernières décennies. Les aventures du détective privé Eraste Fandorine, héros de romans policiers historiques, se vendent à des millions d’exemplaires et ont été adaptées au cinéma et à la télévision dans des superproductions financées en partie par l’argent public. Mais, depuis lundi 18 décembre, le romancier, historien, traducteur, essayiste, et dramaturge est inscrit dans le registre des «terroristes et extrémistes» de Rosfinmonitoring, le service russe des renseignements financiers. Le parquet a immédiatement ouvert une enquête pour apologie publique du terrorisme et diffusion de «fakes» sur l’armée, et lancé un avis de recherche. Le même jour, la maison d’édition moscovite Zakharov a été perquisitionnée.
«Un événement apparemment mineur, l’interdiction de livres, la déclaration d’un écrivain comme terroriste, est en fait une étape importante. Les livres n’ont pas été interdits en Russie depuis l’époque soviétique. Les écrivains n’ont pas été accusés de terrorisme depuis la Grande Terreur. […] La nuit sera de plus en plus noire. Mais après tout, l’aube se lèvera», a commenté l’écri