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Bulgarie : l’extrême droite fait voter un amendement qui interdit la «propagande» LGBT+ à l’école

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Les députés bulgares ont adopté, ce mercredi 7 août, un amendement d’extrême droite qui rend illégal la «propagande» LGBT + à l’école, notamment en réponse à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024.
L’amendement rend désormais illégal «l’encouragement» d’une «orientation sexuelle non traditionnelle» et d’une identité de genre «différente de la biologique». (Spasiyana Sergieva/Reuters)
publié le 7 août 2024 à 19h07

Qui aurait cru que la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024 ait de telles répercussions ? Le parlement bulgare a interdit, ce mercredi 7 août, la «propagande» LGBT + dans les écoles. Adopté avec 159 voix (22 votes contre et 13 abstentions), l’amendement rend désormais illégal «l’encouragement» d’une «orientation sexuelle non traditionnelle» et d’une identité de genre «différente de la biologique», sur le modèle d’une loi hongroise fortement décriée par Bruxelles.

Ce vote surprise, introduit sur proposition du parti d’extrême droite prorusse Vazrajdane (Renaissance), entrerait en écho avec le spectacle des Jeux olympiques, qui a fortement déplu aux dirigeants bulgares. Les rapporteurs du texte ont justifié la nécessité de légiférer rapidement sur ce sujet, en raison d’une «normalisation inacceptable de l’orientation sexuelle non traditionnelle», opérée, selon eux, par une «propagande» en cours.

L’Eglise orthodoxe a vivement critiqué la cérémonie d’ouverture qui avait fait une place aux minorités sexuelles et de genre. Pour Denitsa Lubenova, avocate de l’association LGBT + Deistvie (Action), les députés ont «profité» d’un contexte actuel de «guerre culturelle» autour des Jeux olympiques pour faire passer cette réforme. Car il n’y a pas que la cérémonie d’ouverture qui fait rager la Bulgarie depuis le lancement des JO : le pays a également dénoncé la participation des boxeuses algérienne Imane Khelif et taïwanaise Lin Yu-ting, jugeant qu’elles représentaient «l’autre sexe».

«Avec cette loi», l’extrême droite espère «améliorer son score aux législatives» prévues dans deux mois, alors que les partis représentés au Parlement n’ont pas réussi à former une majorité gouvernementale, toujours selon Denitsa Lubenova.

D’autres associations qui ont à cœur la défense des droits LGBT + se sont inquiétées des conséquences de ce texte. Pour Radoslav Stoyanov, vice-président du comité Helsinki bulgare de défense des droits humains, la nouvelle législation va empêcher la diffusion d’une «information scientifique» auprès des élèves concernant les minorités. L’ONG LevFem, qui organise une manifestation mercredi en fin d’après-midi pour dénoncer l’adoption de l’amendement, estime qu’il va rendre impossible «toute lutte contre le harcèlement scolaire des jeunes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres».

En ancien pays communiste, la Bulgarie n’autorise actuellement ni le mariage ni l’union civile entre personnes de même sexe. Le pays, membre de l’Union européenne depuis 2007 ne se place qu’au 38e rang des pays européens (sur 48) en matière de respect des droits des personnes LGBT +, d’après le baromètre 2024 de l’Association internationale lesbienne et gay (ILGA).

En septembre 2023, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la Bulgarie pour avoir refusé de reconnaître l’union à l’étranger d’un couple de lesbiennes. Un an plus tôt, cette même instance européenne avait considéré que le droit bulgare ne condamnait pas assez lourdement les meurtres à caractère homophobe.