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«Ça fait trois ans que j’attends ce moment» : le soulagement des prisonniers de guerre rapatriés de Russie

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Kyiv a négocié le retour de 205 prisonniers de guerre dans le cadre d’un échange avec Moscou. Un soulagement pour les proches des personnes relâchées, tandis que les familles des disparus s’accrochent au moindre espoir.
Dans la région de Tchernihiv lors d'un échange de prisonniers, mardi 6 mai. (Ukrainian Presidencial Press service /Reuters)
par Kristina Berdynskykh, envoyée spéciale à Tchernihiv (Ukraine)
publié le 7 mai 2025 à 15h02

Pour célébrer le 25e anniversaire de leur frère Iouri, Inga et Anastasia Dobrieva ont acheté un gros gâteau au chocolat, qu’elles s’apprêtent à partager avec lui. Le jeune ukrainien est né un 24 avril, mais ce n’est que le 6 mai, et pour la première fois depuis deux ans, qu’elles pourront fêter son anniversaire avec lui.

Iouri a passé les deux dernières années en captivité en Russie, et fait partie du contingent de prisonniers échangés entre Kyiv et Moscou – le 64e échange du genre depuis le début de la guerre – qui a eu lieu mardi 6 mai dans la région de Tchernihiv, dans le nord de l’Ukraine, près de la frontière russe. Un échange qui concerne 205 Ukrainiens et autant de Russes.

«Les anciens prisonniers racontent qu’ils se partageaient une seule pomme pour huit personnes», raconte en pleurant Inga, son gâteau entre les mains dans la cour de l’hôpital de Tchernihiv. Dans un peu plus d’une heure, quatre bus transportant les soldats ukrainiens libérés doivent arriver sur place. Les deux jeunes femmes, originaires d’Odessa, sourient, se prennent dans leurs bras et attendent patiemment l’arrivée de leur frère. Elles savent qu’il fait partie des rapatriés : son nom figure sur une liste publiée sur Internet, et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a confirmé l’échange un peu plus tôt dans la journée sur les réseaux sociaux.

«Je sais qu’il est vivant»

La joie des deux sœurs Dobrieva contraste cependant nettement avec les visages fermés de la petite foule qui patiente un peu plus loin devant le bâ