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Fake news

«Canular» et «provocation»: la mise en scène de la télé russe après le massacre de Boutcha

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Les télévisions russes, muselées par le Kremlin, diffusent en boucle les images atroces de Boutcha en Ukraine, mais, dans la réalité parallèle du pouvoir russe, ces exactions sont présentées comme des mises en scène et montages grossiers des Ukrainiens.
Le corps d'un homme à Boutcha, près de Kyiv, lundi. (Vadim Ghirda/AP)
publié le 4 avril 2022 à 17h47

Lundi matin, sur la chaîne d’Etat Pierviy Kanal, c’est la présentatrice d’émissions de débats politiques Olga Skabeeva qui a pris le relais de l’édition spéciale qui dure depuis le début de la guerre, de «l’opération spéciale» lancée par Vladimir Poutine, en Ukraine. Sa mission du jour : justifier les images de Boutcha auprès des Russes en densifiant le brouillard de la guerre. L’introduction est claire. Selon elle, les morts de Boutcha au nord de Kyiv ont été «victimes d’une provocation flagrante de la part de nazis ukrainiens». L’animatrice et ses invités affirment que «Zelenski et absolument tout l’ouest que l’on dit civilisé tentent de créer une version hybride d’un faux Srebrenica».

La chaîne doit pouvoir réagir à tout moment aux vidéos qui apparaissent sur le web russe. Car si les Russes vivent sous cloche, quelques réseaux sociaux permettent encore la diffusion des vidéos venues d’Ukraine. Les télévisions d’Etat n’ont alors d’autre choix que de s’emparer de ces images pour les diffuser. Le contenu reste le même, la légende change. Les faits deviennent des faux, les victimes des coupables, les méthodes russes – la distorsion des faits – sont attribuées aux médias étrangers.

Pour Moscou, les victimes sont «des comédiennes»

Lundi matin, Skabeeva, en grande forme, aura bouclé sa démonstration en quatre séquences. Première étape, il s’agit de c