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Disparition

Capturé en janvier après trente ans de cavale, le mafieux sicilien Matteo Messina Denaro est mort

Le cancer du côlon pour lequel ce chef de Cosa Nostra s’était fait soigner pendant sa fuite lui a été fatal. La maladie avait auparavant permis son arrestation, car c’est en se rendant dans une clinique de Palerme que Messina Denaro avait été interpellé.

Lors de l'arrestation de Matteo Messina Denaro, le 16 janvier à Parlerme. ( ITALIAN CARABINIERI PRESS OFFICE/AFP)
Publié le 25/09/2023 à 7h35

Trente ans de cavale, neuf mois de captivité et un point final. Matteo Messina Denaro, le puissant parrain de la mafia sicilienne capturé en janvier après trois décennies de fuite, est décédé à l’hôpital. Le maire de L’Aquila, commune du centre de l’Italie où il était hospitalisé, Pierluigi Biondi, a confirmé ce lundi 25 septembre le décès du mafieux «à la suite d’une aggravation de sa maladie». Agé de 61 ans, Matteo Messina Denaro, qui était un des chefs de Cosa Nostra, la mafia sicilienne, souffrait d’un cancer du côlon pour lequel il s’était fait soigner pendant sa cavale. C’est en se rendant dans une clinique de Palerme que le dernier grand «capo» sicilien vivant, recherché depuis 1993, avait été arrêté.

Ce tueur impitoyable, surnommé «Diabolik» – comme un de ses personnages de BD préférés –, a été condamné à la réclusion à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat en 1992 des juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino. Après son arrestation, il avait été transféré dans une prison de haute sécurité à L’Aquila, où il a continué à recevoir un traitement médical. En août, Messina Denaro a été transféré dans le service des détenus de l’hôpital local, où son état s’était dégradé ces derniers jours. Ce week-end, des médias ont annoncé qu’il était tombé dans un «coma irréversible». Les médecins avaient cessé de l’alimenter et il avait demandé à ne pas être réanimé, selon la presse.

Il sortait au grand jour sous une fausse identité

Son arrestation a peut-être soulagé ses victimes, mais le chef de la mafia a toujours gardé le silence. Lors des entretiens qu’il a accordés depuis son arrestation, Messina Denaro a même nié être membre de Cosa Nostra. Après sa disparition en 1993, certains le pensaient parti à l’étranger. Il vivait en réalité dans un appartement confortable, près de sa ville natale de Castelvetrano, dans l’ouest de la Sicile. Selon les habitants de Campobello di Mazara, il sortait au grand jour pour prendre un café au bar local, commander une pizza, faire ses emplettes… Il était muni de faux papiers et se faisait passer pour un médecin.

En 2015, la procureure Teresa Principato avait estimé que s’il avait pu échapper si longtemps à la police tout en voyageant facilement, c’est seulement parce qu’il était protégé «à un très haut niveau», sans toutefois spécifier la nature de cette protection. «Nous avons eu confirmation de sa présence au Brésil, en Espagne, en Grande-Bretagne, en Autriche», s’était-elle étonnée.

Rattrapé grâce aux données du système de santé italien

Pendant des années, les enquêteurs ont ratissé la campagne sicilienne à la recherche de Messina Denaro, cherchant des cachettes et mettant sur écoute les membres de sa famille et ses amis. C’est en interceptant une de leurs conversations au sujet des problèmes médicaux d’une personne souffrant d’un cancer et de problèmes oculaires que les enquêteurs ont compris qu’il s’agissait du mafieux recherché. Ils ont utilisé une base de données du système de santé italien pour rechercher des patients masculins ayant l’âge et les antécédents médicaux correspondants et ont fini par l’arrêter.

En juillet, une cour d’assises italienne l’avait condamné en appel à la réclusion à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat en 1992 des juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino. Elle avait ainsi confirmé le verdict prononcé par défaut en octobre 2020, lorsqu’il était encore en fuite.