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Libération
Alliés fâchés

Céréales, livraison d’armes, propos de Zelensky… Le ton monte entre la Pologne et l’Ukraine

La fin de l’interdiction d’importer des céréales ukrainiennes en Europe a provoqué des embargos unilatéraux, dont celui de Varsovie pour protéger les intérêts de ses agriculteurs. Kyiv annonce la tenue de négociations avec Varsovie «dans les prochains jours» pour régler le différend.

Le Premier ministre Mateusz Morawiecki en meeting électoral à Otwock, mardi 19 septembre 2023. (Photo by Andrzej Iwanczuk/NurPhoto) (Photo by ANDRZEJ IWANCZUK / NurPhoto / NurPhoto via AFP) (Andrzej Iwanczuk/NurPhoto.AFP)
Publié le 21/09/2023 à 9h19, mis à jour le 21/09/2023 à 11h45

La Pologne, un des plus grands fournisseurs d’armes à l’Ukraine depuis le début de l’offensive russe, a décidé d’interrompre ses livraisons. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki l’a annoncé mercredi 20 septembre à la télévision polonaise, sans préciser si cela avait un lien avec le conflit sur les céréales ukrainiennes, dont Varsovie a interdit les importations pour protéger les intérêts de ses agriculteurs.

Son annonce intervient quelques heures après la convocation «d’urgence» par Varsovie de l’ambassadeur ukrainien pour protester contre les propos du président Volodymyr Zelensky à l’ONU. Mardi, le président ukrainien avait fustigé que «certains pays feignent la solidarité (avec l’Ukraine, NDLR) en soutenant indirectement la Russie».

Jeudi matin, le ministère ukrainien de l’Agriculture a annoncé la tenue de négociations avec Varsovie «dans les prochains jours» pour régler le différend, assurant que les deux voisins gardaient «des relations étroites».

«Nous ne transférons plus aucun armement à l’Ukraine. Nous nous concentrons principalement sur la modernisation et l’armement rapide de l’armée polonaise, afin qu’elle devienne l’une des armées terrestres les plus puissantes d’Europe, et ce dans un délai très court», avait lancé Mateusz Morawiecki à la télévision polonaise mercredi soir. Une déclaration qui illustre les tensions de plus en plus vives entre les deux alliés, à un moment clé de la riposte de Kyiv à l’invasion russe.

le porte-parole du gouvernement polonais a précisé jeudi matin que le pays effectuerait les livraisons d’armes «convenues antérieurement» et seulement ça.

L’annonce par Bruxelles de la fin de l’interdiction d’importer des céréales ukrainiennes, prononcée en mai par cinq Etats de l’UE, a enflammé les esprits, provoquant des embargos unilatéraux auxquels Kyiv a répliqué lundi en annonçant porter plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En réaction, le Premier ministre polonais a averti mercredi qu’il élargirait la liste des produits ukrainiens interdits d’importation.

La France a déploré mercredi les tensions entre les deux pays. «Ces tensions sont regrettables», a déclaré Catherine Colonna, la ministre française des Affaires étrangères dans un entretien avec l’AFP, y voyant le reflet de «considérations de politique intérieure».

La cheffe de la diplomatie française, qui s’exprimait après un Conseil de sécurité exceptionnel à l’occasion de la visite à l’ONU de Volodymyr Zelensky, a insisté sur le fait que la décision de Bruxelles de mettre fin à l’interdiction d’importer des céréales ukrainiennes n’entraînait «pas de rupture de concurrence» ou de perturbation des marchés des céréales.

Mise à jour à 11h45 avec les précisions du ministère ukrainien de l’Agriculture et le porte-parole du gouvernement polonais.